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mercredi 29 mai 2024

Une soirée avec les amis : Belle et Sébastien, Stuart et tous les autres...

 

Photo personnelle
 

A la Salle Pleyel, le 28 mai 2024

Peut-on être un emblème de la musique pop contemporaine, avoir écrit quelques-uns des plus beaux albums de ces 30 dernières années, avoir inspirer et inspiré toujours des milliers de jeunes (et moins jeunes) gens timides et rêveurs de par le monde et malgré cela, sans honte aucune, se présenter sur scène affublé d’un simple bas de pyjama, d’un beau violet certes et à motifs écossais ? Et plus important peut-être, peut-on rater par une imprévision criminelle les deux premiers titres et demi du concert de Belle and Sebastian, dont l’absolument légendaire et divin "The State I Am In", première compo personnelle de l’individu décrit ci-avant, et en dépit de ce méfait impardonnable passer une soirée acceptable ?

La réponse à ces deux interrogations est oui, bien évidemment et bien heureusement. Avec une petite nuance à la seconde tout de même (pardon Stuart, pardon l’Écosse, pardon la pop).

Les copains de Belle et Sébastien (VF) sont loin d’être des gamins : trente ans presque qu’ils arpentent les scènes du monde entier maintenant, dont un bon petit nombre d’escales à Paris déjà sans doute (mais la première pour moi, hier). Conséquences : un show bien rodé désormais, et un répertoire indie-pop large et savoureux dans lequel ils savent piocher à merci pour combler de bonheur leur public si fidèle, si intime, et si constamment ému devant l’énergie pop si poétique et si particulière de ce groupe semble-t-il… Oui malgré les années qui passent une magie Belle and Sebastian (VO) existe et opère toujours, de toute évidence.

We are in 1996, still, et une petite bande d’Écossais totalement inconnus au bataillon et fringués comme des étudiants en biologie un peu distraits débarquent de nulle part avec leurs quelques pop songs toutes simples mais parfaitement ciselés, et leur musique semble tout de suite entièrement et absolument différente du reste du monde et surtout s’adresser à vous, rien qu’à vous. Un film dont vous êtes le héros, ou l’héroïne. Stuart Murdoch, c’est vous.

Ce phénomène curieux, se produisant tous les 6 ou 7 ans dans le monde physique, Stuart Murdoch en est bien conscient maintenant. Il en use avec parcimonie et intelligence, mais grande générosité aussi, parfois : témoin le morceau de danse que le groupe propose dans toutes ses tournées sur "The Boy With The Arab Strap", invitant les fans qui le souhaitent à monter sur scène pour danser et célébrer le groove instantané de ce titre mythique… « A mile and a half on a bus takes a long time…» commence-t-il au piano puis la basse déboule derrière et c’est parti ! Ambiance de kermesse ce soir à Pleyel, ou de soirée dansante au camping... Qui se poursuit même sur "Judy and the Dream of Horses", pour le grand plaisir d’une bonne trentaine de fans vivant leur meilleure vie. Communion des âmes ou fan service ? A vous de voir.

Mais avant cela et après cela, la petite bande de Glasgow aura surtout rappelé à Paris qu’elle est un formidable groupe de pop, mettant en valeur son immense répertoire (11 albums et pas mal d'EP en plus) par une flopée d’orchestrations parfaites et une répartition des rôles optimale : Stuart au centre de la bande faisant office de bon messie laïque et néo-hippie, lui redoublant d’énergie, de petites danses impromptues et d’anecdotes savoureuses tandis que le reste de la troupe l’observe avec amusement, apparemment satisfaits d’être dans le siège passager… Et à ce titre la palme revient à Sarah Martin selon moi, divine au violon, au clavier et même à la voix sur quelques titres (le magnifique "I Want the World to Stop" notamment) et pourtant toujours un peu gênée et effacée comme en 1996 sur scène, osant à peine un très fragile « merci » de sa petite voix angélique. Stevie Jackson, à la guitare, prend un peu plus la lumière, le temps d’une petite anecdote à deux voix avec Stuart. Chris Geddes (clavier et tambourins, casquette et chemise à fleurs) reste lui muet mais who cares, c’est Chris Geddes, le mec sur la couv’ de The Boy With the Arab Strap (1998). Respect infini à lui et aux autres.

Et les moments forts ? Quelques-uns au programme bien sûr mais les versions très enlevées de "Get Me Away from Here, I'm Dying" et "Sleep the Clock Around" (dernier titre avant le rappel) tiennent peut-être le haut du pavé tout de même… C’est entrainant, c’est fin, c’est mélodieux, c’est parfait. Belle and Sebastian, un groupe « tranquille » et un poil déprimant entend-je à ma droite ? Essayez encore.

Petite euphorie pop sur "Funny Little Frog" aussi, et instants plus intimes sur "Piazza, New York Catcher" et "Dress Up In You", puis "Fox in the Snow" en rappel. Et pour finir "The Blues are Still Blue", une petite rengaine indie-pop extraite de The Life Pursuit (2006) absolument par-faite – et légèrement plus rock que le reste, très légèrement... Stuart monte sur l’ampli et entonne le refrain de bon cœur perché là-haut, haranguant la foule tout en douceur et en espièglerie : I left my lady in the launderette, you can put some money on it, you can place a little bet… Tous les petits cœurs de la salle remuent à sa voix.

Long live Belle and Sebastian ! Encore vingt ou trente ans s’il vous plait.

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Réponse de Stuart Murdoch à un fan (livret de l’album The Life Pursuit)

« Tu as 16 ans, donc tu es beau mais un peu paumé (lost in translation)… Pas grave, on te pardonne. Ce qui est d’une importance vitale, maintenant, c’est que tu apprennes à t’amuser et que tu saches ce qui te rend véritablement heureux dans la vie. Fais ça avant de t’engager dans la moindre activité adulte. Va te promener en forêt, évidemment. Mais confectionne des t-shirts de tes groupes préférés aussi. Et si tu arrives à te faire un peu d’argent avec ça, sens-toi coupable puis envoie un t-shirt gratuit aux groupes en question. Par pur ego ils te pardonneront tout de suite.

Stuart

 


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