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lundi 2 décembre 2024

Top 10 Albums 2024


Sans plus attendre, voici les 10 albums que j'ai le plus écoutés/appréciés cette année, dans l'ordre de préférence, mais sans prendre totalement au sérieux cet ordre... C'est l'exercice.


1 / Vampire Weekend - Only God Was Above Us 

US / Indie-pop, indie-rock (Columbia)

Numéro 1 clair et net pour moi cette année. 15 ans après leurs débuts le trio new-yorkais emmené par le génial songwriter Ezra Koenig prouve avec ce cinquième LP qu'ils sont bien un des grands groupes de ce début de siècle outre-Atlantique : d'abord assimilés à une jangle-pop de fils à papa agréable mais un peu scolaire (influence Columbia université et Paul Simon) les gendres idéaux de la Big Apple - depuis exilés à LA - n'ont cessé de progresser et d'évoluer depuis et reviennent, 5 ans après un Father of the Bride intéressant mais un peu long et brouillon par moments, avec une petite perle : Only God Was Above Us. C'est tour à tour beau, audacieux, rétro et avant-gardiste, ça rassemble et mélange quantité d'inspirations et ça ne sert de grandir écoute après écoute... Ezra Koenig est un orfèvre, et il sera à l'Adidas Arena le 14 décembre (rendez-vous pris).

Plus de détails dans la longue chronique publiée en avril

Titres favoris : "Mary Boone", "Capricorn", "Gen-X Cops"

 

2 / Ducks Ltd. - Harm's Way

Canada / Indie-pop, jangle-pop (Carpark Records)

L'album le plus court du lot, ce qui n'est peut-être pas pour rien dans cette jolie place : en 27 minutes le duo indie-pop de Toronto s'offre le luxe de ne rien forcer, et d'ainsi savamment polir et re-polir ses 9 morceaux à coup de petits riffs saillants et de délicieuses mélodies vocales. Rien n'excède ou presque les trois minutes ici et tant mieux : les compos de Ducks Ltd. ne sont pas faites pour durer mais pour briller éphémèrement le temps de quelques notes puis s'effacer d'un coup ou presque, n'en gardant qu'un léger sentiment... Une brillance surtout apparente dans la face A, à première vue, rassemblant leurs plus tranchants singles ("Hollowed Out", "Train Full of Gasoline"), mais qu'on apprend aussi à déceler dans la jolie face B au fil des écoutes. "A Girl's Running" et "Heavy Bag" font notamment mouche, en guise de final : "down, down, down..." chantonne alors Tom McGreevy imaginant des inconnus un peu éméchés et déprimés dans un train de banlieue en route pour on ne sait où et l'on resterait bien dans ce train pourtant, avec nos amis canadiens... Que l'on a eus le plaisir d'apercevoir à Paris en mai d'ailleurs, lors du festival Block Party. C'était court et fulgurant, étonnamment.

Plus de détails dans la chronique publiée en février

Titres favoris : "Hollowed Out", "Train Full of Gasoline", "A Girl's Running"


3 / Fontaines D.C. - Romance  

Irlande / Post-punk, indie-rock (XL Recordings)

Difficile de ne pas classer très haut un album s'ouvrant sur un diptyque aussi fracassant que "Romance" / "Starbuster" (chanson de l'année ?) - respectivement joué en première et dernière position de leur méga gig au Zénith le mois dernier (cf. plus bas). Pour le reste, Romance est le genre d'album qu'on écoute 4 ou 5 fois en quelques jours, juste pour être sûr de bien comprendre si le tout est décevant ou génial. Toujours pas totalement fixé de mon côté, notamment parce que l'irruption du synthé dans l'univers Fontaines Décé m'apparait tantôt enthousiasmante ("In The Modern World", "Sundowner") tantôt plus palote et pas complètement aboutie ("Desire", "Motorcycle Boy")... mais on ne leur reproche pas l'innovation dans ce domaine, au contraire. Fontaines D.C. fait partie de ces groupes qui avancent et c'est bien, d'autant que leur succès fulgurant leur autoriserait désormais toutes les postures, y compris stationnaire. Retour aux valeurs sûres en conclusion tout de même : "Favourite", une ballade pop parfaite suivant le titre le plus classiquement post-punk de tous ("Death Kink"). Bien joué.

A lire aussi : recap de leur concert événément au Zénith de Paris

Titres favoris : "Starbuster", "Bug", "Favourite"


4 / Fazerdaze - Soft Power

Nouvelle-Zélande / Dream-pop, shoegaze, électro-pop (section1)

Révélée en 2017 avec son super single "Lucky Girl" et un joli album planant la même année (Morningside, du nom d'un quartier d'Auckland) la néo-zélandaise Amelia Murray (de son vrai nom) a mis ensuite près de 5 années à ré-émerger, la faute à une longue période de difficultés psychologiques sur laquelle elle lève aujourd'hui le voile (relation toxique, pression du second album). Maintenant trentenaire et installée à Christchurch (seconde ville de Nouvelle-Zélande, plus calme), Fazerdaze a brisé le moule de sa dream-pop un peu adolescente, très éthérée, et s'affirme depuis 2022 (l'EP Break!, déjà réjouissant) avec des compositions plus remuantes et carrées, plus dérangeantes aussi, parfois secondées par des beats électroniques tout à fait modernes et rétro à la fois. Tout est fait dans son propre studio à présent, où elle a peaufiné cet album empli de reverb' et de petits effets synthé en tout genre, sachant toutefois alterner le plus expérimental et noisy (les excellents "Bigger", tendance shoegaze, et "Distorded Dreams", tendance électro) avec des moments plus méditatifs ("Dancing Years", "A Thousand Years"). Avant de conclure sur un duo de ballades plus classiquement dream-pop, dont le très vaporeux "City Glitter", dernier au-revoir à un homme qui lui a pris trop d'années semble-t-il. Il est heureux qu'elle s'en soit détachée, et revenue à la musique.

A lire aussi : recap de son live à Paris en 2023 (Pop Up du Label)

Titre préférés : "Soft Power", "Bigger", "Cherry Pie" 


5 / 22°Halo - Lily of the Valley


US / Indie-rock, indie-folk (Tiny Library Records)

Prime à la brièveté encore (29 minutes), et à la nouveauté... 2024 n'aura pas forcément été une immense année de découvertes pour moi au rayon albums mais heureusement cette petite merveille est arrivé in extremis en novembre, mentionné par l'excellent podcast US Indiecast (autre recommandation). "Inspiré" par la révélation du cancer de son épouse, Will Kennedy (auteur-compositeur unique derrière le projet 22° Halo) signe ce LP tout en délicatesse et petites touches folk, rock et pop successives, léché, soigné et solitaire comme un disque de Bon Iver première période tout en instillant ici et là de petits riffs électriques plus chauds à laNeil Young, parfaits pour les veillées d'hiver... Une recette très nord-américaine, où la nature et ses petites manifestations quotidiennes sont très présentes (le bruit d'un oiseau à l'aube, les fleurs au printemps...). Accompagné par sa femme (Kate Schneider, cancer survivor heureusement) sur deux des titres dont le magnifique "Bird Sanctuary" en intro, il donne en outre par sa voix tout en retrait, alternant étonnamment le grave (rassurant) et l'un peu chancelant (émouvant), une couleur sonore très particulière à ce disque qui mérite d'être découvert et redécouvert d'ici la fin de l'année. Mention aussi pour l'entêtant "Noise Machine" (piste 3), qui ne dure guère plus de deux minutes mais touche direct au cœur. "It's a good day when nothing happens..." chantonne faiblement Will Kennedy à la fin et en effet, cela suffit parfois.

Titres favoris : "Bird Sanctuary", "Noise Machine", "Ivy", "Lily of the Valley"

 

6 / Porridge Radio - Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me

 

Angleterre / Post-punk, indie-rock (Secretly Canadian)

Pas mal de similarités avec l'album de Fazerdaze d'un point de vue strictement biographique... Produit d'une relation toxique de Dana Margolin (leadeuse du groupe) ayant tourné à la grosse déprime, voire plus, cet album a tout du classicisme noir et blanc de sa pochette : brut et mélancolique, possédé et désespéré, il tourne légèrement le dos aux quelques envolées plus pop de son excellent prédécesseur (Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky, 2022). Peu d'instants ludiques ici : Clouds est d'emblée, avec le lancinant puis ravageur "Anybody", un univers clos où Dana Margolin nous conte son enfermement dans un amour débordant et très mal équilibré, alternant naturellement les fracas de guitare cathartiques et les ballades très mélancoliques, limite neurasthéniques (cf. le très aérien "In A Dream I'm Painting"). Le tout monte haut (cf. les favoris plus bas, tous entêtants) puis redescend tout aussi bas, dans une sorte de bipolarité tonale et thématique... Amour, haine et aliénation. Blues et punk. Il y a au final peu de gras là-dedans et c'est bien l'idée, que rien ne respire à l'air libre trop longtemps. Dana M crie, un peu, chuchote, un peu aussi, et rien ne semble pouvoir la sortir de cette boucle malsaine comme dans le coupé en deux "Sleeptalker" où elle chantonne d'abord avec quelques "pam pam padam" puis monte dans les tours et s'exclame sans trop y croire (?) "I'm lucky to know you, to you know, to know you..." - motif de répétition assez typique dans ses compos, et toujours édifiant. On est là avec elle tout du long, la tête dans les nuages noirs mais pris dans le cycle. La libération semble intervenir avec l'épique "Sick Of The Blues", conclusion de ce disque, mais le doute persiste... Effet garanti.

Titres favoris : "Anybody", "God Of Everything Else", "Sick Of The Blues"

A lire aussi : le recap de leur gros live au Trabendo il y a peu

 

7 / Royel Otis - Pratts & Pain

Australie / Indie-pop (Ourness)

On reste en Océanie avec les nouveaux rois de l'indie-pop, auteur d'un live déjà légendaire au Trianon en novembre... C'est peu dire que les deux potes de Sydney ont frappé fort dès leurs premiers EPs avec des hits aussi parfaits et délicieux que "Sofa King" ou "Kool Aid", ce dernier méritant déjà une place dans n'importe quel top des années 2020. Pas de suspense pour ce premier LP donc, tirant son nom du bar attenant au studio dans lequel Royel et Otis allaient quelque fois faire le point entre deux enregistrements, voire écrire des lyrics... On aurait aimé y être. La première face de ce LP de "Adored" à "Velvet" est quasi intouchable : six titres et six hits ou presque, avec à chaque fois des refrains et des riffs qui vous donnent envie de vous lever de votre chaise de bureau et de jeter vos feuilles A4 imprimées pour rien en l'air, la tête allant gaiement de gauche à droite au rythme de la petite voix aiguë si aguicheuse d'Otis Pavlovic, un homme déjà culte. La face B nous offre autre chose : plus variée, plus psyché, plus lente aussi, moins immédiate peut-être. La musique est toujours de qualité mais plus difficile à distinguer de 15 autres groupes d'indie-pop ou rock du moment... L'unique raison pour laquelle cet album figure si bas en définitive : impression qu'on nous a vendu un EP génial accompagné de six faces B honnêtes. Mais peut-être manque-t-on simplement de goût et éclectisme ? Cf. le dernier titre, "Big Ciggie", plus intriguant entre psyché et garage et qui en réjouira peut-être certains. A réévaluer dans quelques années.

Titres favoris : "Fried Rice", "Heading for the Door", "Foam"

A lire aussi : le recap de leur live déjà mythique au Trianon

 

8 / Camera Obscura - Look to the East, Look to the West

Écosse / Indie-pop (Merge Records)

Un disque qu'on n'attendait pas forcément, puisque le dernier Camera Obscura datait de plus de 10 ans maintenant (Desire Lines, 2013), le groupe semblant hélas s'être mis en pause prolongée après le décès de sa clavériste Carey Lander en 2015 (cancer aussi...). Reformation inattendue donc, et heureuse : sans être le disque de l'année Look to the East, Look to the West a de quoi ravir les inconditionnels de Tracyanne Campbell (chant) et éternels étudiants en littérature fans d'indie-pop écossaise et galloise (Belle and Sebastian aussi, au hasard). La pop délicate de Camera Obscura n'a pas changé : sage et subtile, toujours mélodieuse, remplie d'influences country et de petits riffs stridents évoquant plus les rives du Mississipi que les briques rouges de Glasgow, s'aventurant même au passage dans d'autres paysages encore plus exotiques ("Baby Huey" et son drôle de petit beat electro-bossa, encore plus adorable en version démo). La charmante voix de Tracyanne Campbell non plus : avec ses airs d'éternelle amoureuse éconduite elle sublime les quelques ballades à sa disposition dans ce LP, dont le très doux "Sugar Almond" ou le joli single "We're Going to Make It in a Man's World" avec sa parfaite petite rengaine finale et ses "ouh ouh..." en chœur si caractéristiques. Il manque sans doute un vrai petit hit comme "French Navy" ou "Lloyd, I'm Ready..." à l'ensemble mais après 10 ans de silence on accepte bien volontiers l'offrande.

Titres favoris : "We're Going to Make It...", "Liberty Print", "Baby Huey"

A lire aussi : le recap de leur concert à la Maroquinerie en septembre

 

9 / The Vaccines - Pick-Up Full of Pink Carnations

Angleterre / Indie-pop (Thirty Tigers)

Une autre bonne surprise ! Les anciennes sensations UK de l'année 2011 (What Did You Expect From the Vaccines, petit carton de l'époque) n'avaient pas disparus eux mais il semblait que la qualité de leurs LPs était destinée à s’affadir un peu plus album après album... On n'avait quasiment pas touché à leurs dernières livraisons pour tout dire. De plus en plus bruyant, mainstream, sans idées. Cycle inversé apparemment : sans rien révolutionner (ce n'est pas le concept des Vaccins, beaux gosses des beaux quartiers londoniens avant tout passionnés par le rock des 60's) Justin Young et ses acolytes reviennent ici à la racine carrée de leur succès - mélodies pop accrocheuses et entêtantes sans avoir à se casser la tête, refrains fulgurants et marrants, petite voix criarde et euphorisante dudit Justin Young... C'est simple et fun, à l'image du premier titre "Sometimes, I Swear", bombinette pop à silence soudain puis refrain fracassant qu'on s'est envoyée un bon paquet de fois au premier semestre. Court aussi, le plus souvent, comme le simplissime "Love To Walk Away" (2:07 minutes) qui est lui aussi tout à fait dans l'esprit Vaccines 2011. Et Justin Young au chant, tout simplement ! On l'aime bien ce type avec ses envolées dans les aiguës et ses airs de jeune vieux (cf. ci-dessous sur sa vocation de crooner raté). Welcome back guys.

Titres favoris : "Sometimes, I Swear", "Heartbreak Kid", "Love To Walk Away"

A lire aussi : leur épatant et très rétro live à la Cigale en octobre

Et la chronique complète du disque publiée en février, déjà

 

10 / Erlend Oye & La Comitiva

Norvège, Italie / Indie-folk (Bubbles Records)

Premier LP d'Erlend Oye (moitié des Kings of Convenience, et génie musical à lui seul) avec ses acolytes siciliens de La Comitiva, cet album éponyme n'est pas exactement une surprise, ni une totale nouveauté : une bonne moitié des titres présents ici étaient déjà sortis au fil de l'eau ces dernières années, au gré des envies et du calendrier chargé du bon géant norvégien installé à Syracuse depuis plus de 10 ans maintenant - et qui continue sa carrière en parallèle avec les Kings, témoin leur splendide Peace or Love sorti en 2022. L'objet fonctionne donc davantage comme une compilation des années italiennes d'Erlend Oye, ce qui n'est pas vilain en soi : les non initiés amateurs de folk nordique joyeuse découvriront ainsi les très jolis "Matrimonio di Ruggiero" et "Upside Down", le second aussi remuant que le premier se fait lancinant, mais tous deux agrémentés de moult cordes et vents en mode fanfare de première année de L3... Car Erlend Oye est un homme profondément bon, et qui aime s'entourer d'amis de toutes sortes, musiciens si possible. Un homme orchestre. A noter aussi le très bel instrumental "Altiplano" qui gagne la palme de la mélancolie estivale, et la plus belle pièce du tout à mon avis : "For the Time Being", une adaptation folk entêtante d'un morceau électro enregistré il y a exactement 20 ans avec un DJ allemand (Phonique), en pleine période berlinoise d'Erlend... Les années ont passé, et l'acoustique remplacé les beats, mais le voyage musical est toujours en cours. Prochaine étape ?

Titres favoris : "Upside Down","For the Time Being", "Altiplano"

A lire aussi : le recap de son magnifique live au Cabaret Sauvage

 

Bonus / Yannis & The Yaw - Lagos Paris London

Angleterre, Nigéria / Indie-pop, afrobeat (Transgressive Records)

Un EP en bonus pour finir : Yannis & The Yaw, c'est le projet né de la rencontre musical entre Yannis Philippakis (frontman des Londoniens de Foals) et la légende de la batterie et de l'afrobeat Tony Allen, en 2016 à Paris. Après une première session d'impro puis d'autres la rencontre finit par faire émerger quelques idées de chansons, mais pas au point d'aboutir à un disque en bonne et due forme hélas (agendas respectifs, Covid... puis mort de Tony Allen en 2020). Des années après Yannis F a décidé de s'y remettre tout de même, et livre cet album composé à partir des fragments laissés en route, mélange de rock et d'afrobeat donc, tendant davantage vers l'un ou l'autre selon les titres (finalement assez proche de Foals pour le puissant "Rain Can't Reach Us", nettement plus afro-friendly pour "Under The Strikes"). Les musiciens recrutés pour l'occasion entre Londres et Lagos - et vus à Paris à l'Alhambra en septembre - sont excellents et donnent au tout une note très organique, et clairement plus aventureuse que l'album rock typique il faut bien l'avouer. Point d'orgue : "Clementine", ultime titre et vrai délice sonore avec son avalanche de petits riffs stridents jaillissant de partout gaiement et sans effort apparent... Et la voix de Yannis F au milieu de ça, captivante comme jamais. Affaire à suivre.

Titres favoris : "Clementine", "Rain Can't Reach Us"


Mention honorable aussi pour...

- Chime School - The Boy Who Ran the Paisley Hotel (sunny jangle-pop from LA)

 - Real Estate - Daniel (indie-pop léchée made in Brooklyn)

- Cléa Vincent - Ad Vitam Aeternamour (synth-pop maline made in Paris)

- Dog Park - Festina Lente (dream-pop française, premier LP)

- EggS - Crafted Achievement (un des meilleurs groupes d'indie-rock français)

- Hoorsees - Big (un autre excellent groupe rock français, Strokes-friendly)

- Bored At Grandmas House - Show & Tell (dream -pop classique et mélodique)

- IST IST - Dreams Aren't Enough (post-punk classique aussi, Manchester)

- DIIV - Frog In Boiling Water (shoegaze américaine, leaders du genre)

- The KVB - Tremors (synth-pop très dark, groupe UK mais basé à Berlin)

- The Softies - The Bed I Made (indie-pop mignonne comme leur nom l'indique)

 

Désolé pour les autres et à l'année prochaine !

samedi 25 mars 2023

Moment Youtube : Feist & Kevin Drew / Lover's Spit

Le contexte : "Lover’s Spit" est un titre de Broken Social Scene, groupe d’indie-rock canadien formé à Toronto à la fin des années 90 et un peu difficile à décrire puisque comptant entre 6 et 30 membres en fonction des occasions, des concerts et des disques (noyau dur et anciens membres et/ou collaborateurs occasionnels). Ils produisent un rock assez dissonant et parfois un peu foutraque, mais rarement désintéressant – et avec beaucoup d’instruments. Feist en a fait partie officiellement à ses débuts, puis plus épisodiquement. Sa dernière incursion dans la disco de Broken Social Scene date de leur dernier album en 2017 (Hug of Thunder), sur l’excellent titre du même nom

Extraite de You Forgot It In People (2002), le second album de BSS, "Lover’s Spit" est quant à elle une jolie ballade rock planante tranchant un peu avec le son très noise du reste de l’album, que l’on retrouve tout de même en fond sonore dans une version plus atmosphérique avec divers larsens et crissements de guitare. Écrite par Kevin Drew (lead vocals et guitare), la chanson semble évoquer la lassitude morale face aux relations sentimentales et sexuelles sans lendemain, et la volonté de « grow old and do some shit ». Un titre assez méditatif se déployant sur plus de 6 minutes

La version originale


L’autre version, ci-dessous, est une captation live lors d’un concert de Feist en 2007, alors déjà auréolée du succès de son premier album (Let It Die). Une demi-reprise, puisque Feist avait participé à l’album You Forgot It In People, mais pas à ce titre précisément. La qualité sonore et visuelle de la vidéo, amateure, est évidemment imparfaite, mais qu'importe. Feist, qui arbore ici une tenue rouge Haribo assez saisissante, est rejointe par son compère Kevin Drew sur une scène alors désertée de tous ses musiciens, pour un petit moment qu'on devine intime. Elle se charge ensuite de la partie vocale, tandis qu’un Kevin Drew beaucoup plus casual en t-shirt noir y va de quelques petites notes de piano mélancoliques bien senties, et d'un ou deux murmures au micro. Une version unplugged clairement plus dépouillée que l’originale, mais qui ne trahit rien de l’esprit. Le choix scénographique de Feist (sur le piano debout) y est sans doute pour quelque chose. Ses talents de vocaliste aussi.

All these people drinking lover’s pit…

Le live de Feist & Kevin Drew 

 

PS : pour ceux que la vie et l’œuvre de Feist intéresse un peu, il y a par ailleurs l'excellent documentaire Look At What The Light Did Now (en accès libre sur Youtube), plongée dans le processus de création sonore et artistique de l'album The Reminder (2009). Les plus patriotes d'entre vous apprécieront les passages en France : l'album en question a en effet été enregistré au studio La Frette, célèbre et atypique endroit localisé à La-Frette-sur-Seine (95). Vous apprendrez également comment manipuler psychologiquement une amie afin de la faire sauter par la fenêtre (cf. clip de "Mushaboom").

lundi 6 mars 2023

Archive : Alan Vega chez Thierry Ardisson


Le 22 avril 1989, Thierry Ardisson reçoit Alan Vega et son groupe Suicide dans "Lunettes noires pour Nuits blanches", l'iconique rendez-vous hebdomadaire de la jet-set parisienne et des camés de la fin des eighties. Le playback, la clope au doigt d'Alan Vega, l'accent de titi parisien blasé d'Ardisson, le décor princier-chic du Palace, le public qui danse le slow : tout ici a inexorablement vieilli.

Formé dans les années 70 à New-York, Suicide (duo d'Alan Vega et Martin Rev) est l'un de ces groupes au style musical mal définissable qui aura influencé des tonnes de groupes postérieurs tout en étant quasiment inconnu du grand public. Pionniers d'une forme d'électro-punk très primaire, ils sont par ailleurs crédités pour avoir (peut-être) inventé le terme de "punk music" quelque part au milieu des années 70, à l'époque où ils se produisaient dans des petites salles lugubres avec d'autres futures icônes proto-punk comme Television ou les New York Dolls.

Sont largement responsables de la popularisation des boîtes à rythme, qui produira toutes les ramifications que l'on sait dans la pop music et au-delà. Leur premier album, Suicide, contient une demi-douzaine de petites boucles électro assez hypnotisantes, voire obsédantes, parfaites pour une salle d'attente de cabinet psychiatrique.

En bonus, l'interview d'Alan Vega par Thierry Ardisson dans la même émission. C'est assez court et plutôt superficiel, mais pourquoi pas.

 

 

A noter également, pour rester en France, l'excellent duo d'Alan Vega avec notre icône nationale Christophe, "Tangerine", sorti quelques semaines avant la mort du premier. Vega et Christophe avaient en commun un goût prononcé pour l'électro planante et les ambiances sonores un peu inquiétantes, bien entendable dans ce titre (album Les vestiges du chaos, 2016). Un très beau testament.

 Un documentaire sur Christophe sort d'ailleurs en salles ce mercredi.


dimanche 5 février 2023

Passé à la télé : Alvvays

Crédit : Paul Hudson

Alvvays, le groupe de rock Canadien non francophone de l'année 2022, était invité le 10 janvier dernier dans le Tonight Show de Jimmy Fallon aux US (États-Unis d'Amérique). Ils y ont interprété "Belinda Says", un des nombreux trésors de leur dernier album ('Blue Rev'), cité dans les classements de fin d'année d'à peu près tous les médias rock respectables.



Quelques informations plus ou moins utiles sur cette chanson et ses auteurs :

- "Belinda Says" fait référence à Belinda Carlisle, ex-chanteuse des Go-Go's, groupe de rock féminin tendance New Wave en vogue dans la première moitié des années 1980 (écouter par exemple "Vacation"), puis responsable de quelques hits synth-pop en solo dans le reste de la décennie, dont le fameux "Heaven is a place on earth", remarqué dans un épisode de Black Mirror il y a quelques années ("San Junipero, saison 3).
- Le titre de cette chanson est détourné de très belle façon à la fin de "Belinda Says", confirmant les grands talents de songwriter de Molly Rankin, talents notamment cultivés par la lecture des nouvelles d'Alice Munro, la grande autrice de short stories canadienne, prix Nobel de littérature en 2013. Lire par exemple le recueil "Fugitives" (2004).
- Aujourd'hui basé à Toronto, Alvvays est né bien plus à l'Est, en province de Nouvelle-Écosse, plus précisément dans la petite ville de Cap-Breton (prononcer "quéyppe-britone") où Molly Rankin et Kerri MacLellan (claviers) ont passé leur enfance ensemble.
- La Nouvelle-Écosse, située à l'extrême Est du pays sur la façade atlantique, est une vieille terre d'immigration écossaise et irlandaise où la musique et culture celtique est toujours très présente. Molly Rankin elle-même est très liée à cet héritage puisque son père et ses oncles et tantes ont formé un groupe appelé la Rankin Family dans les années 90, qui a connu un joli succès au Canada en remettant au goût du jour le folklore celtique made in Canada.
- Le père de Molly Rankin, violoniste et compositeur du groupe, est décédé dans un accident de voiture en 2000. Molly Rankin est elle aussi violoniste, et a accompagné plusieurs fois sur scène ses oncles et tantes.
- Molly Rankin est également une grande fan de basketball, des Toronto Raptors et de fantasy NBA (pour les adeptes, se reporter à cet article ou ce podcast).
- Le gros du travail de composition d'Alvvays est accompli par Molly Rankin et Alec O'Hanley, les deux têtes pensantes du groupe depuis le départ. Abbey Blackwell et Sheridan Riley, bassiste et batteuse, ont rejoint le groupe plus récemment.
- Molly Rankin et Alec O'Hanley sont de grands fans de My Bloody Valentine, précurseurs du rock shoegaze, une influence particulièrement visible (ou entendable) dans cet album via de longues plages de guitare grondante et grésillante. En concert on peut d'ailleurs les voir "glider" allègrement avec leur vibrato, technique popularisée par Kevin Shields, guitariste de MBV.
- Le terme shoegaze, créé de toutes pièces par le journaliste anglais Steve Lamacq (NME), signifie littéralement "fixer ses chaussures", moquant ainsi des groupes qui passaient selon lui l'essentiel de leur concert à bidouiller les pédales d'effet de leur guitares pour produire le maximum de distorsion sans un regard pour leur public. Who's laughing now, Steve ?
 
Alvvays sera en tournée à Paris le 4 juin, au Trabendo.
 

Écouter l'album 'Blue Rev' sur Spotify