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lundi 25 août 2025

Rock en Seine '25 à l'heure irlandaise : it's been a long, a long, a long...

 


Un festival c’est une course de fond, et un jeu d’échecs. Voir des concerts, beaucoup, comme un glouton. Marcher, beaucoup aussi – 1 kilomètre de la grande cascade à la grande scène d’après mes calculs. Et faire des choix, tout le temps. Stereophonics ou Kneecap ? Suuns ou les Liminanas ? Parfois on se trompe. Tant pis.

Ma dernière fois ici remontait à une éternité : 2011, et le seul souvenir d’avoir vu les Arctic Monkeys en majesté sur la grande scène, avec Alex Turner déjà métamorphosé en sosie d’Elvis gominé, mais doué. Mes souvenirs de 2009 sont plus vivaces hélas : plaisir de découvrir les Vampire Weekend sur la grande scène d’abord – charmant gig d’après-midi plein d’énergie pop estivale étudiante comme leur premier album – et puis l’attente d’abord émue puis interminable puis angoissée des deux frères Gallagher, adorés à l’époque mais jamais vus en vrai… On sait ce qui s’est passé. Remboursez.

Il y aura peut-être un round 2 au stade de France pour ces messieurs, qui sait. En attendant le retour à Saint-Cloud n’était pas vraiment prévu mais finalement, le week-end était ouvert alors pourquoi pas… Fontaines DC un dimanche de fin d’août, il y a plus dégueulasse comme plan.

Arrivée sur les lieux un peu avant 15h, tôt et tard à la fois. Il aurait été sympa de voir les 4 Parisiennes d’Alvilda (indie-pop en français) mais bon, le dimanche matin c’est sacré. Idem pour l’ovni Sylvie Kreusch (space pop belge). Les choix.

Heureusement le doute s’efface tout de suite avec mon premier pick de l’après-midi : King Hannah à 15h, scène Revolut (quel nom horrible). Jamais vu le duo blues-rock UK jusque-là, mais je connais leur réputation live et quelques morceaux et ça suffit. Hannah Merrick arrive comme d’hab sur scène avec son étrange robe rouge de flamenco, tout dans son personnage victorien. Son compère Craig Whittle est plus discret à ses côtés, un simple bonnet de laine sur la tête. Les deux se lancent et emballent tout le monde d’entrée avec leur recette singulière : folk poems lus à voix haute par Hannah avec quelques petites notes d’accompagnement d’abord, puis gros murs de guitare blues-rock ensuite, savant mélange de Bob Dylan récent et de vieux White Stripes. Il fait une chaleur terrible accessoirement (pas d’ombre, pas de nuage) mais ça passe, ça passe… Fin rapide, set de 40 minutes oblige. Je me prends à rêver d’un t-shirt King Hannah mais rien à la boutique hélas.

Première découverte ensuite, et choix réussi (exit le post-punk de Provoker) : les Londoniens de Fat Dog sur la grande scène, en pleine rave party et mélange des genres… La petite bande a eu son moment de hype en 2023-2024 et le soufflé est un peu retombé depuis mais sur scène pas de débat : c’est fun, très fun. Entre ska, punk, rave music et rock symphonique ils mettent un premier gros coup de pression à Saint-Cloud, avec quelques beats irrésistibles et beaucoup de grand n’importe quoi sur scène, de la veste en cuir du chanteur en plein cagnard au violoniste en maillot du Celtic Glasgow qui pose tout à coup son instrument pour… faire un gros breakdance ! Le chanteur est déjà parti haranguer la foule dans les barrières depuis 10 bonnes minutes lui, au son du saxo. On voit ça d’un peu loin et sur les écrans, et c’est marrant. Merci les gros chiens.

Direction la scène Bosquet ensuite, à l’autre extrémité du site. Début de fatigue. Il fait toujours chaud, trop chaud pour un homme de l’Est. J’arrive devant Sharon Van Etten et son groupe en nage ou presque. L’après-midi va être longue. Pas de grosse surprise pour ce gig, ayant déjà vu la troupe au Trianon au printemps. C’est pro, bien joué, mais peut-être un peu décalé pour un festival à 16h en plein cagnard. Les cinq communiquent beaucoup sur scène, comme en communion, mais l’énergie peine parfois à franchir le seuil de la scène. Des bons moments tout de même, sur les très élégiaques "Trouble" et "Afterlife" puis le hit "Seventeen", en conclusion. Bref, il fait peut-être juste un peu chaud.

Premier creux ensuite. J’éprouve le besoin de m’affaler par terre, quelques minutes, de boire beaucoup, puis d’évaluer mes options. Rien de fou dans l’heure à venir a priori, donc ce sera une petite déambulation. The Royston Club d’abord, à deux pas de là : un groupe de britpop gallois sympathique mais sans grande originalité ni mordant, dont la principale caractéristique est de me rappeler furieusement les Kooks (la voix du chanteur surtout). Pourquoi pas. 5 minutes de marche, puis autre indifférence polie devant Wallows, un groupe de pop-rock californien apparemment taillé pour les stades et les zéniths – ils sont tous les trois ridiculeusement beaux gosses. Il est 18 heures et l’heure des vrais choix se rapproche.

C’est ici que le bas blesse un peu. Deux choix se présentaient en gros : Stereophonics (classic rock pour vieux ou jeunes vieux comme moi) sur la scène Revolut d’un côté, Kneecap (hip-hop irlandais) sur la scène Bosquet de l’autre, un groupe qui a acquis une petite notoriété récemment depuis qu’ils sont harcelés par tous les réacs du monde pour être un peu trop vocalement pro-palestiniens. Une réputation qui leur a valu quelques déprogrammations dans d’autres festivals, et le retrait de la subvention de la ville de Saint-Cloud à Rock en Seine (la classe, merci le 92). Pour l’occasion le ministère de l’Intérieur (de la même couleur politique que nos amis du 92) les avait carrément mis sous surveillance au festival Cabaret Vert (Charleville-Mézières), menaçant d’interdire leur gig de Rock en Seine en cas de débordements. Il n’y en a pas eu.

Bref, j’avais choisi Stereophonics, sans trop réfléchir : rien contre Kneecap et leur positions politiques, mais mon époque hip-hop est loin derrière moi maintenant et les quelques tubes pop tranquilles de Stereophonics me paraissaient le meilleur compromis en apéritif d’un gig de Fontaines DC qui s’annonçait physique – sans parler de la distance entre le bosquet et l’autre côté… C’était le mauvais choix. Le dyptique irlandais Kneecap / Fontaines DC aurait évidemment été plus cohérent et enrichissant, et le gig de Stereophonics sentait un peu le réchauffé. Seule consolation : dans les deux cas il fallait déguerpir assez vite, et foncer vers la grande scène. Vu le nombre de t-shirts de Fontaines DC aperçus toute l’après-midi les bonnes places allaient être chères, de toute évidence… Pas trop de regrets on va dire.

Fontaines DC, je les avais déjà vus au Zénith. C’était déjà bien, mais là c’était encore plus grand, encore plus beau, émouvant même n’ayons pas peur des mots : il faut dire que le public des Irlandais est vraiment un des plus beaux condensés de gens actuellement dans le rock : des jeunes, des moins jeunes, des carrément vieux, des hipsters, des tatoués, des punks, des gens normaux, des Brits, des Français, des autre chose, plein de générations et de types différents et c’est sans doute ce qui fait d’eux le groupe « indie » phare du moment – ils sont « big » mais toujours singuliers, dans leur créneau à eux. Un pogo éclatera un moment mais sans excès, sans animosité. Le club Fontaines DC ce sont des mecs et des filles fondamentalement gentilles au fond, qui veulent juste voir Grian monter sur le podium et lever le bras pour rallier à lui toute la foule… Et elle n’attend que ça.

Fontaines DC à l’air libre c’est mieux donc, résolument mieux : pas de drapeaux partout comme à Glastonbury certes (interdits, cf. Palestine), mais des pelletées de gens qui connaissent toutes les paroles par cœur et font résonner la poésie rock dublinoise dans tout le parc de Saint-Cloud… Will you apologize for the remainder of your life ?... Magnifique. Et non pas d’excuses ce soir, ni demain ni la semaine prochaine. Pas l’esprit. Car oui sans surprise les Fontaines dédient leur tube "I Love You" à la Palestine, avec slogans de libération sur grand écran et cris dans la foule. Une chanson sur l’exil irlandais à l’origine, qui prend de plus en plus de poids année après année et encore plus dans le contexte actuel – « selling genocide and half-cut pride… » scande Grian dans le refrain, et c’était écrit bien avant le 7 octobre. And the bastard walks by ! Hasard. Autre chanson, même idée, la magnifique ballade "Favourite", ode à l’amitié et l’esprit de bande, est dédiée à leurs compatriotes de Kneecap, forcément. Du bosquet à la grande scène, la boucle est bouclée.

Pour le reste, plaisir d’entendre toutes ces chansons parfaites, tantôt bien lourdes tantôt éthérées, et de voir les bras qui se lèvent à l’unisson et les gens sur les épaules des autres : petit frisson sur "Big Shot" repris par toute la foule d’un tenant, et mention à la jeune irlandaise au bob orange, star du public sur les épaules de son grand frère au maillot vert. Je garde l’image de Grian avançant vers elle et vers nous, chantant yes it’s been a long, a long, a long, a long… Ce sentiment d’un amour vrai et chaste entre l’homme et son public, entre le groupe et le monde tout autour... Possible ? L’espace d’un gig en plein air peut-être. Gros fracas sur "Big" aussi, et chants lyriques sur "In the Modern World". In the city, that you like… Tout le monde marche d’un pas.

Tout cela condensé dans "Starbuster" en final, une des plus grandes chansons de cette décennie : agression et méditation, rap et synthé, grosse caisse et violons, il y a 4 ou 5 chansons parfaites dans ce titre et Fontaines nous l’offre comme pour s’excuser de partir, à l’orée de la nuit. Hit me for the day, for the light, that you suffered… Dans son simple polo rayé Grian est soudain quasi Christ sur la croix, prêt à souffrir pour nous tous, pour le monde, pour ce petit bout de terre à 5000 kilomètres. Vive Fontaines DC, vive l’Irlande. 

 


jeudi 5 juin 2025

Stereolab : y'a du krautrock dans l'air...

 

Photo personnelle

Soirée expérimentale au Trianon hier : les Anglais de Stereolab viennent défendre leur dernier album depuis un bail (Instant Holograms on Metal Film, 15 ans après le précédent) et pour l'occasion les guichets sont évidemment complets et toute la confrérie rock indie de sortie... Stereolab, c'est le genre de groupe qu'il faut mieux avoir écouté un jour si l'on veut suivre en soirée : arty, innovatrice côté sons et images, engagée, déterminée, résolument autonome, la bande de Laetitia Sadier et Tim Gane n'a jamais vraiment marqué les charts mais figure peut-être dans le top 10 all-time des groupes "culte" (ça ne veut rien dire mais vous voyez l'idée). La francité de sa chanteuse et instrumentiste multiple (guitare, synthé, trombone) ne gâche rien non plus, bien sûr. Combien de groupes de rock anglophones peuvent se targuer d'avoir une vocaliste frenchy fredonnant l'anglais comme Françoise Hardy époque swinging sixties ? C'est so délicat.

Pour l'aspect local on repassera toutefois, et heureusement, car les influences de Stereolab sont éminemment multiples quoique globalement divisées en deux : électro-pop sophistiquée matinée de rythmes bossa et autres d'un côté (so London), gros krautrock expérimental à la rythmique ébouriffante et psyché de l'autre (so Deutschland). On aime bien le premier, on adore le second. Bipartition de la setlist du soir également, avec une moitié de titres anciens et une moitié de titres du dernier LP, dont l'incroyable enchainement "If You Remember I Forgot How To Dream" part 1 et 2, qui s'étire pendant des plombes et nous transporte absolument ailleurs avec ses incroyables parties de batterie et de guitare... C'est motorique, répétitif, mais aussi complètement prenant et entêtant. C'est Köln, 1971, et ces doux malades de Can entament une version live de 17 minutes d'une chanson au titre absurde et imprononçable. Impro totale, interminable, batterie démoniaque, incantation. On pressent la transcendance, une seconde. C'est une note. Retour à Paris : Andy Ramsay se démène comme une machine détraquée sur ses toms et cymbales, le plancher vibre, les yeux se ferment, on vibre au seul son des pam, pam, pam, pam pam ! C'est brut, c'est doux, tout à la fois. Pas grand monde ne fait ça.

Que dire d'autre ? L'essentiel est là. Ambiance de fête dans la salle, et émotions contenues. Les applaudissements fournis se multiplient, virant régulièrement à la standing ovation. Laetitia Sadier nous dit merci, merci, et le public aussi. C'est une amie exilée, mais pardonnée. Pour la peine elle offre "Cybele's Reverie" en conclusion, puis en rappel de vieux titres qui lui tiennent à cœur en ces temps troublés (liberté d'expression, de ton). Une liberté prise avec les conventions aussi : pas de "French Disko" ce soir, n°1 en streaming ou pas. Ils font ce qu'ils veulent, ils ont raison.

Le show se clôt sur une dernière partie instrumentale, forcément géniale.


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mercredi 30 avril 2025

Miki Berenyi Trio : what a difference a year makes

 

Photo personnelle

Hasard du calendrier. C'est il y a un an, quasiment jour pour jour, que Miki Berenyi et son nouveau trio se produisaient à l'Aéronef de Lille dans une mini tournée française qui esquivait désespérément la capitale : contraint et forcé on avait pris le tégévé, on avait aimé. 

Temps de chien à l'époque, dès la sortie du Thalys, et gros revival Lush sur scène : 8 titres parsemés tout au long de la soirée, et même deux tiers de vieilleries dans la setlist au total en comptant les reprises de Piroshka, Moose et The Gist (calcul fait). I was waiting, at the station... On ne va pas se plaindre, on avait apprécié. Nostalgie des nineties, permanence des guitares lancinantes, lancinantes, lancinantes... Une recette sans âge.

Cocktail un peu bousculé cette année : sous un soleil de plomb c'est avec un premier EP sorti en début d'année (Tripla) que le trio se présente au FGO-Barbara, petite salle assez bien foutue à côté de Barbès déjà utilisée par l'orga du Paris Pop Fest pour un récent récital de EggS. Moins de monde sur scène ce soir, quoique... En première partie c'est l'ancien Lol Tolhurst (The Cure, il y a un bail) qui ramène sa graine avec son fils Gray et Oliver Cherer, bassiste du trio. Les trois balancent du Cure d'entrée ("The Holy Hour") et ça y est, c'est parti pour une séquence nostalgie. La foule, pas née dans les années 2000 en moyenne, tressaute et en redemande. Ça tombe bien, "A Forest" déboule ensuite avec sa basse étouffante... C'est l'euphorie (relative). Miki et Moose les rejoignent ensuite pour un titre commun sorti récemment ("Stranger"), particulièrement long et planant... Les guitares crissent, s'épanouissent.

Le trio revient ensuite, seul, pour une set un peu moins revival qu'en 2024 : le MBT a désormais le matériel pour ne pas être un Lush tribute band et le montre, disséminant les 9 titres de son LP entrecoupé de quelques vieux titres, tout de même... On apprécie particulièrement le live de "Undertow", un magnifique titre de Split (1994) récemment utilisé dans le très beau docu Lush: A Far from Home Movie (présenté par Emma Anderson et Phil King à Paris l'été dernier). C'est obsédant, entêtant, et joué plus fort que pour la dernière tournée me semble-t-il, comme le reste du set... Côté contemporain, on apprécie particulièrement "Vertigo", premier single du LP qui nous charme tout à fait avec son petit refrain cristallin et son joli synthé en backing track. Mention aussi pour "Manu", une petite merveille dream-pop de 6 minutes qui sonne comme un vrai classique du genre.

Pas de batterie ce soir sinon (le trio s'en passe maintenant, pour limiter les frais), mais toutes les cordes qu'il faut. Oliver Cherer s'amuse toujours autant à la basse ma foi - comme sur le très funky "Big I Am" - et Miki et Moose forment un couple parfait à la gratte : le lead pour lui, tendance sorcier des effets et du feedback, la rythmique pour elle, incisive et métronome dès qu'elle lâche le chant et se recule d'un pas... Le tableau sonore, alors, monte d'un cran et l'on vibre totalement au rythme de son poignet sur les cordes. Gling gling, gling gling... Dans ces moments-là, longs et indistincts, on en reprendrait bien pour une ou deux minutes encore. La tête oscille lentement, le corps suit, les yeux se ferment... Nous voilà prêts à entrer dans un trou noir de son.

Réveil quelques minutes plus tard : le trio aborde "Scratching The Lid", un titre de feu Piroshka sorti en 2021 - c'est récent mais cela semble il y a une éternité déjà. L'esprit de la pop revient soudain et s'empare de la salle : 5 minutes de guitar-pop plus légère mais tout aussi vibrante, encore couronnées de gros coups de poignet de Miki. C'est fun, c'est jeune.

Les trois acolytes finiront sur ses intentions d'ailleurs, avec la traditionnelle reprise de "Ladykillers", un des derniers hits de Lush en 1996. Hey you, the muscles and the long hair... Miki la joue soudain gouailleuse et ça fonctionne, toujours, petits riffs furieux de Moose à l'appui. Les téléphones s'allument, la foule suit, l'excitation cohabite avec l'angoisse que tout cela s'achève bientôt, très bientôt juste après ce dernier couplet un peu atypique qui n'en finit pas et finalement voilà, les guitares se taisent et l'on peut maintenant affirmer que oui, nous aussi we've heard it all before... On connaît la chanson maintenant.

Mais qu'importe, on reviendra.



mardi 15 avril 2025

Kings of Convenience : Norway of Life

Photo personnelle

 

Au Cabaret Sauvage, le 14 avril 2025

On aime beaucoup les Kings of Convenience ici, et depuis longtemps : 20 ans ou quasi plus précisément, soit la sortie de leur second opus Riot On An Empty Street (2004), dont le lumineux single "Misread" avait squatté quelques semaines les chaines musicales françaises. A l'époque M6 était la chaine de la musique... Autre temps, autres mœurs.

On les a beaucoup manqués, aussi. A la salle Pleyel et à la Philarminonie le plus récemment, où les deux Norvégiens les plus apaisants du monde avaient déroulé leur art tout en douceur (on imagine). Erreur réparée cette année, enfin, avec l'inattendue tournée "B-sides" des tranquilles rois du folk moderne : comprenez qu'Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe s'offrent le luxe de venir jouer quelques-uns de leurs morceaux les moins "connus", et dans un cadre un peu plus confidentiel (1200 places au Cabaret environ, contre le double pour les deux autres). Risque mesuré bien sûr : 20 ans après leurs débuts, les deux compères possèdent en France et dans le monde une bonne base de fidèles désormais, pour qui tout titre enregistré des Kings a valeur de relique sacrée. Démarche intéressante tout de même.

Le Cabaret Sauvage donc, un lundi soir au fond de la Villette. Tout sauf une surprise : Erlend Øye était déjà passé là il y a un an, presque jour pour jour, avec sa petite bande sicilienne de La Comitiva (l'homme réside à Syracuse aujourd'hui, après un long séjour à Berlin). On était venu bien sûr, on avait vu, on avait aimé. Mais Erlend plus Eirik, c'est autre chose. Deux orfèvres, deux perfectionnistes, deux amis. Avec eux chaque note vocale et accord de guitare est méticuleusement analysée en studio puis polie re-polie et polie encore avant l'enregistrement final - toujours en live - processus un peu fou et démesuré qui peut régulièrement se compter en années, mais qu'importe parce que sortir une chanson qui ne sonnerait pas parfaitement est une insulte à l'existence. Alors ils prennent leur temps. 20 ans, quatre albums.

C'est en toute logique que le duo se présente donc d'abord seul, une simple guitare chacun derrière leur micro posé si haut (Erlend surtout, un vrai géant). Leur entrée campe déjà le phénomène KOC, et sa dialectique interne : Eirik en t-shirt rose pastel très 11ème arrondissement (et probablement en coton bio), Erlend avec son habituel uniforme de hippie américain des 60's manifestant contre la guerre du Vietnam - gros pantalon de velours marron élimé, chemise à rayures hors d'âge et informe, lunettes rouges rondes. La rigueur protestante d'un côté, l'insouciance méditerranéenne de l'autre... L'un vit toujours à Bergen et n'en bougera pas, l'autre a le monde pour maison. Deux types que beaucoup de choses opposent (cf. cet excellent documentaire), mais que l'essentiel rassemble.

Le public se tait. Ambiance religieuse, côté laïc. En intro une rareté ("Until You Understand"), extraite de leur premier EP (2000). C'est inattendu pour le coup. Le guitares sont déjà bien accordées, à l'oreille, même si Erlend se plaindra plusieurs fois auprès de l'ingé son dans la soirée. Plus haut, plus bas, plus comme ça... Quête de perfection. Le numéro des KOC est déjà bien en place, avec ses deux guitares et ses deux voix qui se mêlent puis dialoguent, se répondent... C'est fin, riche et cela fait totalement oublier qu'il n'y a que deux guitares sèches sur scène. Premier vrai ébahissement sur "Ask For Help" (dernier album) : les accords sont parfaits, les voix à la hauteur parfaite, ni trop basses ni trop fautes, on est dans une petite bulle. Ah, ah, ah ah... Il est temps d'admettre que les mélodies vocales sont un instrument, et le plus beau d'entre tous peut-être. Puis elles se taisent et les deux Norvégiens se tournent l'un vers l'autre, laissant le bois parler. L'un bat le rythme, l'autre gratte une petite mélodie, cela parait simple mais ça ne l'est pas. Sourires à la fin, applaudissements rompus.

Le processus se répète ensuite, notamment sur les presque classiques "Failure" et "Me In You", le dernier agrémenté de quelques jolis "ouh ouhhh" du public. Eirik fait une confession touchante à propos de ce dernier titre, que l'on ne répétera pas ici (l'homme est pudique). 

Et puis petit changement de style à mi-parcours : trois autre cordes arrivent (violon, violoncelle, contrebasse) et viennent apporter un peu plus de profondeur ou de piquant à certains titres : "Summer On The West Hill" notamment, une des petites cachées de leur premier LP, joué pour la première fois sous cette configuration semble-t-il. Pari réussi. La voix d'Eirik est tout à fait touchante, et l'on aimerait bien savoir ce qui a bien pu lui inspirer cette ode à l'évasion, aussi. "I feel at home here, in the middle of nowhere..." Ce sera pour une autre fois peut-être. 

Et l'ambiance monte encore d'un cran, un petit. Le violon s'anime, et mêlé au reste nous offre un tryptique coloré et rythmé, sans perdre la pureté des compositions : "Freedom And Its Owner", "Sorry Or Please", "Rocky Trail", tout cela est discrètement entraînant et réjouissant. Démonstration vocale d'Eirik sur ce dernier titre, encore, avant de laisser la place à de délicieux petits instants de violon et de guitare. Erlend s'avance un peu et pose un pied sur l'ampli, absorbé dans un solo d'acoustique tout ce qu'il y a de plus pacifique. La mécanique KOC est poussée à ses extrémités mais tient, sans heurts. Des petits cris apparaissent, l'intuition que la magie touche à sa fin aussi.

Petit geste lors du rappel, quelques instants plus tard : un fan particulièrement investi dans le chant ce soir se voit offrir un titre de son choix. Ce sera "Gold For The Price Of Silver", une autre rareté de 2001. Suit la dernière collab d'Erlend avec les Français de Papooz (bof) et une grande messe finale pour "Peacetime Resistance" : Erlend divise la salle en deux, comme chez KOC, et la droite fait "ouh ouhhhh...", et la gauche "ah ahhhh", et cela fonctionne bien et chacun s'improvise soudain vocaliste de folk scandinave, expert en guitare sèche et refrains réconciliateurs.

"We've got four eyes... so why yearn for one perspective?" chante Erlend et Eirik en finir, ensemble, et c'est un résumé parfait de la recette KOC : deux types, deux guitares, une infinité de sons et de couleurs. Union, division, réunion. Conclusion de la même chanson : "we've got colours, but they disappear when blended...".

L'avenir de l'homme est au Nord.

 


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mardi 8 avril 2025

Slowdive, salle Pleyel (photos)

 A la salle Pleyel, le 7 avril 2024

C'est un groupe culte parmi les groupes cultes qui était sur la très cosy scène de Pleyel hier soir : slowdive (sans majuscules), un des groupes majeurs de la vague dite "shoegaze" s'étant développée dans les îles britanniques au tournant des années 90... Un courant porté sur les longs murs de guitare très atmosphériques d'abord très confidentiel, et assez moqué par la presse musicale de l'époque (le terme "shoegaze" était une petite vacherie à l'origine, moquant des musiciens qui "fixeraient leurs chaussures" plus préoccupés par leurs pédales d'effets que par le public), puis soudain au centre d'un retour de hype assez incroyable ces dernières années... La faute au streaming et à un (très) jeune public ayant soudain redécouvert ce style si planant et entêtant, parfait pour méditer, décompresser ou sonoriser une vidéo TikTok. 

C'était l'événement hier soir à Paris donc, le quintet de Reading ne se produisant plus que dans des salles XXL ou presque depuis son comeback triomphal en 2023 (album Everything is alive). Public conquis par avance, setlist classique, alternance d'instants contemplatifs et de grosses déflagrations de guitares assourdissantes, le show était attendu et impeccable, conclu par les deux classiques de l'album Souvlaki (1993), "Alison" et "When The Sun Hits"... Fan service rendu.

Quelques photos (et une vidéo).

 





kisses


dimanche 16 mars 2025

Peter Hook & the Light : A Tale of Two Halves

 

Photo personnelle

A l’Élysée Montmartre, le 15 mars 2025

Week-end de colosses dans la capitale : un jour après que The Undertones aient atomisé le Trabendo (grand revival punk boomer) c’est monsieur Peter Hook en personne qui nous fait l’honneur de s’arrêter une nuit à Paris. CV : co-fondateur de Joy Division et New Order, deux des plus grands groupes les plus cultes des 40 dernières années, et monumental bassiste lead et mélodiste ayant quasiment changé à lui seul la perception de cet instrument dans le rock (la basse c’est aussi de la poésie, pas que du rythme). Forcément un large aéropage de nostalgiques et de jeunes convertis s’est donc déplacé ce samedi soir à l’Elysée Montmartre, complet depuis des lustres. Beaucoup de t-shirts Joy Division dans l’assistance, forcément. Unknown Pleasures (premier album de Joy Division, 1978), reste 45 ans après un signe de ralliement, une référence. "I’ve waiting for a guide to come, and take me by the hand" disait-il en préambule… C’est fait. Les lignes blanches sur fond noir sont de sortie, les cheveux clairsemés aussi.

Un peu moins de t-shirts de New Order, en revanche. Il faut dire que les relations avec Peter Hook et ses trois anciens compères (ayant gardé le nom New Order et tournant toujours, eux aussi) sont plus que glaciales – ne revenons pas là-dessus. Dans cette histoire certains ont pris parti, d’autres non, et tant mieux pour eux. Il y a largement de la place pour tout le monde sur cette Terre. Et le concept de la tournée – "Substance", du nom des compilations du même nom sorties pour les deux groupes, en 1987 – est sensément là pour réconcilier tout le monde : une moitié New Order, une moitié Joy Division (dans l’ordre chronologique inverse) et tout le monde est content. 2 heures 45 de set, des hits à la pelle, c’est l’orgie en théorie.

La soirée démarre d’ailleurs sur les chapeaux de roue, avec le très énergique et rock "Crystal" (ligne de basse mythique, déjà), qui avait enflammé le retour de New Order en 1998 (album Get Ready), puis le magnifique hit pop "Regret", époque Republic (1993). Là encore la basse de Peter Hook fait des ravages, et le foule apprécie et s’agite un peu, sans débordement toutefois. On n’est pas sur du Joy Division esprit punk, ni même du New Order première période. Une surprise, ensuite : "What Do You Want From Me?", plus grand hit solo de Peter Hook à ce jour, sorti avec son éphémère groupe Monaco (duo avec David Potts, resté à ses côtés à la guitare depuis). C’est frais et pop, mais l’assistance est-elle venue pour ça ? Pas sûr.

Impression partagée sur cette première partie globalement, malgré l’avalanche de tubes ("Blue Monday", "Temptation", "True Faith"…). La performance est pro, rien à dire, mais hormis les grands moments de basse de Peter, souvent joués au ras du public, en offrande (l’homme est généreux, c’est une constante), on peine parfois à percevoir une réelle appétence du groupe pour tous ces titres pourtant faramineux. Une tâche difficile, certes, même pour New Order (les autres) : nombre de morceaux, surtout les plus électros, sont à peu près impossibles à répliquer à l’identique en live, et n’importe quel groupe aguerri s’y casserait les dents. Exemple avec "The Perfect Kiss", fantastique fresque musicale de 8 minutes en version studio, et pas nécessairement inoubliable ce soir. Musicalement tout fonctionne à peu près, mais spirituellement il manque un truc ou deux… Ou trois. Confusion ! On s’y attendait.

Autre problématique : les hits les plus pop de New Order demandent de monter assez haut vocalement, ce qui n’est pas vraiment dans les cordes de Peter Hook (et de Bernard Sumner non plus, certes…), qui délègue donc nombre de couplets et refrains à David Potts - déjà vocaliste avec Monaco. Tâche remplie, techniquement, mais quelque chose cloche là encore… Impression de malaise à voir David Potts entonner le refrain de "Regret", par exemple, et ses lyrics si personnels dans la bouche de Bernard Sumner. I would like a place I could call my own, have a conversation on the telephone… Qui parle ici ? C’est étrange. Et puis c’est bête, mais au fond on préférera toujours un morceau de chant un peu raté de Bernard Sumner que sa copie plus propre… Question d’histoire, de sentiments. New Order grande époque c’était aussi l’imprévisibilité, la tension, la possibilité toujours présente du live saccagé ou grandiose. Tout cela est derrière nous maintenant, hélas. Bref.

La partie 1 s’achève donc dans cette atmosphère, entre vrais moments de joie (c’est quand même du New Order par Peter Hook) et instants d’hésitation. "True Faith" est là pour conclure en apothéose, et pas mal de fans remuent un peu en effet, mais cela reste mesuré. Surtout comparativement à ce qui arrive…

10 minutes de pause, puis le groupe revient. Mêmes membres, mêmes instruments, mais répertoire différent : du Joy Division lourd et brut, cassant et dansant, enflammé et possédé. En l’espace de quelques secondes, littéralement, l’atmosphère change du tout au tout. Un pogo démarre au centre de l’assistance, derrière le premier rang. Il faut dire que Peter Hook et consorts font fort : c’est avec "New Dawn Fades" et sa basse glaçante qu’ils s’attaquent à la montagne Ian Curtis, sans peur. Frissons immédiats dans toute l'épine dorsale.

La transformation est claire : si Peter Hook a sans doute plaisir à jouer le répertoire de New Order, et s’en acquitte avec sérieux, il est évident ce soir qu’il est d’abord né pour sublimer Joy Division et ses ambiances sonores caverneuses, parfaites allégories du Manchester post-industriel épuisé de la fin des années 70. Basse prédominante, inquiétante, silhouettes muettes. Il n’y a pas que lui d’ailleurs : le groupe entier semble s’animer d’une force autre,  comme réveillé par l’excellence rythmique et instinctive des compositions de Curtis et associés. On découvre notamment un très bon batteur (Paul Kehoe), qui nous rappelle avec brio que les parties de batterie de Joy Division sont absolument démoniaques, et font sans doute 50% du boulot. Influence évidente du Bowie période Berlin, ingéré et métabolisé par Stephen Morris. Un beat sec et pourtant obsédant, comme un vieux funk refroidi artificiellement. L’enchainement "Incubation" / "Dead Souls" est un régal de ce point de vue.

Peter Hook lui-même, en dehors de ses parties de basse, est soudain un autre homme : totalement à l’aise avec la partie vocale (ça joue très bas), il n’a aucun problème à endosser le costume de Ian Curtis, et soulève la salle entière à chaque mouvement du bras, régulièrement pointé vers le ciel ou vers les fidèles. Joy Division est un culte, assurément. Les classiques défilent et la réaction populaire est toujours la même : pogo et yeux embués. "Warsaw" est un carnage, "Leaders of Men" aussi. Et ce n’est encore rien : un tryptique ahurissant se profile, avec "Transmission", "She Lost Control" et "Shadowplay" d’affilée. C'est trop. Répertoire inouï, surhumain. Dance, dance, dance, to the radio ! La clameur monte, monte, et Peter Hook continue de se métamorphoser sous nos yeux, complètement transporté par son rôle de passeur, d’interprète entre Ian et la Terre... Il se produit quelque chose. Le pogo se fait de plus en plus physique et chaotique lui, à notre gauche, en décourageant certains et enhardissant un peu trop d’autres… Moment saisissant au milieu de "Incubation" : Peter Hook stoppe la musique et demande à la sécurité de venir dégager un type visiblement en train d’importuner une fan. C’est classe, et l’occasion de rappeler que rien, même pas le rock, ne justifie d’emmerder – et agresser sexuellement encore moins – son prochain. Esprit du pogo ou pas. Fin de la parenthèse.

La communion post-punk n’est pas finie heureusement. Bientôt c’est l’élégiaque "Atmosphere" qui s’avance, quasi hymne à la mémoire de Ian Curtis (et single posthume), avec sa ligne de synthé made in Bernard Sumner qu’on ne boude pas cette fois. Pas de répit ensuite : "Love Will Tear Us Apart" achève de démolir le cœur et les jambes de la salle, qui s’époumone sur le refrain pendant trente bonnes secondes le temps d’un temps mort, a capella, le bras de Peter Hook levé comme une imploration. Love, love will tear us apart, again… C’est une messe. Le vacarme des guitares reprend ensuite, crescendo, entourant Peter Hook dans une forêt de lumières noires et blanches crépusculaires semblant se refermer sur lui, qui pousse un dernier cri. Ahhhhh… Il est là, bien là.

La performance pourrait largement s’arrêter là. Paris aura pourtant droit à une rallonge ce soir, souvenir de Ian Curtis oblige (cf. le concert aux Bains Douche, 1979). La conclusion de l’album Closer en l’espèce, avec les magnifiques "The Eternal" et "Decades". Peter Hook a les yeux mouillés sur la première, dans un silence soudain religieux. C’est long, lancinant, poignant. Émotion conservée sur "Decades", avec sa superbe ligne de synthé qui présage déjà les envolées de New Order. Peter Hook s’essaie au melodica pour le final, hélas un peu contrarié par un problème technique. Il s’éclipse finalement, fataliste, et laisse le groupe conclure – pour de bon cette fois. Monsieur.

Bonne idée de finir par le début, en fin de compte.

 

 

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jeudi 13 mars 2025

Thus Love : punks option théâtre

 

Photo personnelle

Février 2023 : souvenir de l’irruption de Thus Love, trio inconnu ou presque sur la scène du Supersonic. L’affiche sentait le souffre pourtant : quelques mois avant, en octobre, ces trois musiciens queers installés dans le Vermont étaient sortis d’absolument nulle part avec un premier album post-punk redoutable d’efficacité et de sens mélodique (Memorial), un des meilleurs de l’année tout simplement. Des tubes, déjà ("Repetitioner" et "Inamorato" surtout, vrais petits hymnes indie-rock à riffs en arpèges totalement jouissifs), de la présence scénique, beaucoup (Echo Mars, scintillant à la guitare et aux chant), les trois n’avaient pas déçu. C’était l’un des premiers concerts après une longue disette personnelle, à l’époque, et on s’était dit qu’il y en aurait d’autres. Promesse tenue.

Deux ans plus tard, la line-up a un peu évolué (basse et seconde guitare) mais les fondamentaux sont toujours là et Thus Love reste une expérience singulière. La preuve dès l’entame : contre toutes les règles d’usage Echo Mars et consorts balancent direct leurs trois titres les plus streamés (les deux cités plus haut plus "On The Floor", premier single de leur dernier LP, daté de novembre), assumant de se débarrasser du fan service avant de rentrer dans le plus osé, le plus punk. Un jeu à somme positive : le public est ravi d’entrée, prend un ou deux reels pour les réseaux et puis l’atmosphère s’épaissit, et les morceaux de bravoure à la guitare aussi.

Il faut un peu de contenu pour cela évidemment, et Thus Love l’a : parfois austère sur album, leurs non-singles claquent très fort en live et captivent l’audience tout du long, consciente d’assister à un truc plutôt cool : un post-punk lourd et ludique à la fois, épais dans son rendu sonore mais toujours simple et funky dans ses intentions. Echo Mars cabotine un peu au micro mais pas trop, juste au bon niveau. Lu Racine et Ally Juleen mènent la barre à la rythmique, inattaquable, tandis qu’Echo prend toute la (faible) lumière au centre, ultra-photogénique dans son débardeur noir et ses solos de guitare déclinés dans toutes les positions. A l’occasion il se rapproche d’Ally Juleen (basse), dos à dos jusqu’à se toucher, et les deux poussent alors la guitare à fond en poussant sur les jambes dans une sorte d’équilibre très précaire, très théâtral… C’est saisissant, c’est amusant, sans jamais basculer dans l’overdose de testostérone. On aime.

Des temps forts ? Pas vraiment, plutôt un enchaînement de tempos courts et racés, renouvelant sans cesse l’envie de bouger la tête d’une façon ou l’autre. Citons quand même "Birthday Song" et "Show Me Patience", qui détonnent. Il y a un fond pop dans le punk de ces gars-là et c’est ce qui marche. Ajoutez un dernier hit de Memorial au milieu de tout cela ("In Tandem") et la recette prend toute seule. Live court mais dense, achevé sous les acclamations.

Ils reviennent pour un petit titre ("Family Man") et innovent encore : Echo Mars pose la guitare et nous sort d’énormes lunettes noires de mafieux marseillais, se la jouant crooner et buste en arrière pour les ultimes minutes. Il a de la réserve. Les guitares claquent une dernière fois et ils s’en vont direct, ne poussant pas plus loin. Pas besoin.

 

 

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