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Photo personnelle |
Hasard du calendrier. C'est il y a un an, quasiment jour pour jour, que Miki Berenyi et son nouveau trio se produisaient à l'Aéronef de Lille dans une mini tournée française qui esquivait désespérément la capitale : contraint et forcé on avait pris le tégévé, on avait aimé.
Temps de chien à l'époque, dès la sortie du Thalys, et gros revival Lush sur scène : 8 titres parsemés tout au long de la soirée, et même deux tiers de vieilleries dans la setlist au total en comptant les reprises de Piroshka, Moose et The Gist (calcul fait). I was waiting, at the station... On ne va pas se plaindre, on avait apprécié. Nostalgie des nineties, permanence des guitares lancinantes, lancinantes, lancinantes... Une recette sans âge.
Cocktail un peu bousculé cette année : sous un soleil de plomb c'est avec un premier EP sorti en début d'année (Tripla) que le trio se présente au FGO-Barbara, petite salle assez bien foutue à côté de Barbès déjà utilisée par l'orga du Paris Pop Fest pour un récent récital de EggS. Moins de monde sur scène ce soir, quoique... En première partie c'est l'ancien Lol Tolhurst (The Cure, il y a un bail) qui ramène sa graine avec son fils Gray et Oliver Cherer, bassiste du trio. Les trois balancent du Cure d'entrée ("The Holy Hour") et ça y est, c'est parti pour une séquence nostalgie. La foule, pas née dans les années 2000 en moyenne, tressaute et en redemande. Ça tombe bien, "A Forest" déboule ensuite avec sa basse étouffante... C'est l'euphorie (relative). Miki et Moose les rejoignent ensuite pour un titre commun sorti récemment ("Stranger"), particulièrement long et planant... Les guitares crissent, s'épanouissent.
Le trio revient ensuite, seul, pour une set un peu moins revival qu'en 2024 : le MBT a désormais le matériel pour ne pas être un Lush tribute band et le montre, disséminant les 9 titres de son LP entrecoupé de quelques vieux titres, tout de même... On apprécie particulièrement le live de "Undertow", un magnifique titre de Split (1994) récemment utilisé dans le très beau docu Lush: A Far from Home Movie (présenté par Emma Anderson et Phil King à Paris l'été dernier). C'est obsédant, entêtant, et joué plus fort que pour la dernière tournée me semble-t-il, comme le reste du set... Côté contemporain, on apprécie particulièrement "Vertigo", premier single du LP qui nous charme tout à fait avec son petit refrain cristallin et son joli synthé en backing track. Mention aussi pour "Manu", une petite merveille dream-pop de 6 minutes qui sonne comme un vrai classique du genre.
Pas de batterie ce soir sinon (le trio s'en passe maintenant, pour limiter les frais), mais toutes les cordes qu'il faut. Oliver Cherer s'amuse toujours autant à la basse ma foi - comme sur le très funky "Big I Am" - et Miki et Moose forment un couple parfait à la gratte : le lead pour lui, tendance sorcier des effets et du feedback, la rythmique pour elle, incisive et métronome dès qu'elle lâche le chant et se recule d'un pas... Le tableau sonore, alors, monte d'un cran et l'on vibre totalement au rythme de son poignet sur les cordes. Gling gling, gling gling... Dans ces moments-là, longs et indistincts, on en reprendrait bien pour une ou deux minutes encore. La tête oscille lentement, le corps suit, les yeux se ferment... Nous voilà prêts à entrer dans un trou noir de son.
Réveil quelques minutes plus tard : le trio aborde "Scratching The Lid", un titre de feu Piroshka sorti en 2021 - c'est récent mais cela semble il y a une éternité déjà. L'esprit de la pop revient soudain et s'empare de la salle : 5 minutes de guitar-pop plus légère mais tout aussi vibrante, encore couronnées de gros coups de poignet de Miki. C'est fun, c'est jeune.
Les trois acolytes finiront sur ses intentions d'ailleurs, avec la traditionnelle reprise de "Ladykillers", un des derniers hits de Lush en 1996. Hey you, the muscles and the long hair... Miki la joue soudain gouailleuse et ça fonctionne, toujours, petits riffs furieux de Moose à l'appui. Les téléphones s'allument, la foule suit, l'excitation cohabite avec l'angoisse que tout cela s'achève bientôt, très bientôt juste après ce dernier couplet un peu atypique qui n'en finit pas et finalement voilà, les guitares se taisent et l'on peut maintenant affirmer que oui, nous aussi we've heard it all before... On connaît la chanson maintenant.
Mais qu'importe, on reviendra.
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