Peu de groupes de rock pur et dur - ce qu'ils étaient à leurs débuts - ont été tant remixés que New Order : logique, les quatres de Manchester ont très tôt glissé vers une forme d'électro-rock assez unique et produit quantité de singles éclatants plus en rapport avec le monde des clubs que celui des scènes rock - "Blue Monday" évidemment, tube parmi les tubes, et pas mal d'autres à la même période charnière 1982/83 ("Confusion", "Everything Goes Green"), tous sous l'influence de la scène électro-club new-yorkaise. Consulter le clip de "Confusion" pour s'en persuader - presque un document historique - filmé et immergé en plein dans cet univers, avec notamment le massif Arthur Baker derrière les platines, DJ et producteur américain très fameux. Barney et compagnie, eux aussi, avaient l'amour des belles machines - la Roland TR-808 par exemple, drum machine de compétition qui a durablement changé la face de la musique.
C'est de bon gré, donc, que New Order a régulièrement confié ses quelques petits hits à des DJs plus ou moins réputés... Shep Pettibone notamment, un des rois de l'exercice, qui a remixé la Terre entière dans les années 80 de Kim Wilde à Elton John. Et deux titres de New Order par ailleurs, que vous retrouverez plus bas. Dans cette liste, courte mais longue de 72 minutes, vous trouverez en outre aussi un peu de travail maison : le remix de "Be A Rebel" par Bernard Sumner lui-même entre autres, qui me semble assez irrésistible. D'accord ? Pas d'accord ? Jugez sur pièce. Il y a pour le reste des choses assez hardcore (la version longue de "Temptation", 9 minutes), et d'autres beaucoup plus douces (l'immense "Bizarre Love Triangle", "Ruined In A Day"). L'euphorie est toujours là quoi qu'il en soit.
Prêts à bouger ?
BONUS (piste 11) : le dernier single du DJ britannique Mella Dee enregistré en collaboration avec... Bernard Sumner (voix et lyrics). Un titre qui aurait très bien pu faire office de face B remixée dans une quelconque compil' de New Order, et dont la pochette rose dégradée est d'ailleurs directement inspirée de la jaquette de l'album Technique (cf. plus bas). A tout seigneur, tout honneur.
La playlist (extraits, cliquez dessus pour accéder à l'intégrale)
Et pour finir, la fameuse jaquette de l'album Technique, summum d'hédonisme baléarien électro-rock / acid-house (album enregistré en partie à Ibiza en 1989 en pleine folie de l'ecstasy). Ce chérubin psyché-michelangélien est l’œuvre de Peter Saville - directeur artistique attiré du label Factory - comme tous les disques du groupe.
Et la pochette du single "Riptide" donc, pour comparaison
Contexte
: New Order se produisait à Barcelone hier soir, dans le cadre du festival Primavera Sound. L'événement était pour l'occasion retransmis en direct (ou
presque) sur Twitch et Amazon Prime. Vous pouvez retrouver le replay complet sous ce lien.
Il est près d’une heure du matin lorsque New Order apparait sur
la scène de Barcelone hier soir, et sur nos écrans : la fatigue est là mais l’excitation
aussi, mêlées dans un cocktail confus. Jamais vu New Order en live alors
peut-on dire que cela compte ? Non pas vraiment, certes, d’autant que la
diffusion est en léger différé… Mieux que rien dira-on.
Débuts un peu poussifs : Barney (surnom de Bernard
Sumner, le grand homme de ce siècle et du précédent) et ses quatre amis débutent
avec la ballade "Regret", grand hit du début des 90’s, puis par le
normalement très pêchu "Age of Consent", classique parmi les classiques, mais
sans y apporter une grande énergie trouve-je – manque de punch ? La suite
montrera que non. Quoiqu’il en soit, Barney préfère pour l’instant économiser
sa voix et la jouer un peu bluesy, petit solo de guitare presque country-rock à
l’appui pour clôturer le second titre. Bon, ça fonctionne en partie, ne
serait-ce que par nostalgie.
Côté anecdotes, Barney passe comme d’ordinaire chaque début
de titre à faire quinze mille signes du doigt à l’ingé-son du moment :
plus fort, moins fort, un chouia plus haut, moins haut, juste un peu… on se
demande bien ce qu’il veut. Lui seul le sait, dans sa Grandeur. Give us signs,
Bernard.
Les choses décollent ensuite, peu à peu : avec "Academic"
d’abord, ballade rock récente (2015) livrée de façon impeccable, puis surtout avec
le légendaire "Your Silent Face", vieux de 40 ans cette année mais
toujours étrangement émouvant avec son majestueux synthé cristallin à la
Kraftwerk. Ça
y est, c’est certain : le groupe le plus créatif et jouissif du dernier
demi-siècle est bien là devant nous, sur notre TV Samsung un peu passée.
Gillian rayonne au clavier, toute de blanc vêtue, Barney nous gratifie d’un
solo de melodica mémorable, Stephen s’affaire aux drums, tout va bien. Petite
ligne de basse ultra mélodieuse typiquement hookienne pour finir, sans Peter Hook malheureusement… On pense
à lui.
Après un petit intermède joyeux et ludique ("Be A Rebel", leur
dernier single en date), l’événement s’emballe ensuite carrément : arrivée
du massif "Subculture" (album Low-Life, chef d’œuvre absolu de
1985) puis enchainement direct sur "Bizarre Love Triangle", son
intro synthétique démoniaque et son lyrisme hors du monde… Les frissons ne sont
pas loin sur le canapé. Ils sont là. Every time i see you falling… Il est à peu
près une heure trente mais ces indications n’ont plus grand sens.
« Thanks you very much, conclut Barney à l’issue du choc, it’s a good track…
It’s very old… Which is unusual for us. » On se fout bien du temps qui
passe Bernard.
La suite et fin passe en un soupir, ou à peine : les
hits défilent maintenant les uns après les autres sans effort apparent, dans un
mouvement mécanique assez stupéfiant. Comment un groupe, je dis bien un seul, peut
avoir composer tout cela à la fois ? Ça ne fait pas sens. "Plastic", "True Faith", "Blue
Monday". Il commence à se faire tard et on n’a plus tous les outils pour
analyser. How does it feel ?… On ne sait pas bien à dire vrai. La performance s’étire en
dim-dims et boum-boums harmonieux puis Barney, heureux et facétieux, apparait
dans le dos de Gillian à la fin de "Blue Monday" et lui pique les dernières lignes de synthé. Faute ! Et puis "Temptation". Que dire ? C’est une
excellente chanson aussi.
Et en guise de fin, à votre avis ? Oui évidemment.
Love, love will tear us apart, again… Bonne (longue) nuit à Ian Curtis, et
bonne nuit à tous les fans insomniaques de Manchester et d’ailleurs.
Prochaine rencontre : pour de vrai le 26 septembre, au
Zénith de Paris.
En 1993 New Order n’existe déjà presque plus : séparés
officieusement après la sortie du vulcanique Technique (1989, pensé et
enregistré en partie à Ibiza), dispersés dans divers projets solos plus ou
moins couronnés de succès (la palme à Bernard Sumner avec Electronic, son
savoureux duo électro-soul avec Johnny Marr), les quatre Mancuniens ne doivent leur
retour en studio 4 ans plus tard qu’à la situation financière cataclysmique de
leur label (Factory), celui-ci n’ayant alors d’autre option pour espérer
survivre que capitaliser sur les ventes de son seul groupe à peu près bankable
– New Order. Le navire coulera tout de même.
Tout a été dit sur l’album dans ce contexte plombant :
fait pour des mauvaises raisons (l’argent), fruit des
inimitiés croissantes entre Sumner et Hook (beaucoup de versions divergentes
existent), produit de l’autoritarisme musical de Sumner ayant fait de cet
album un nouvel opus d’Electronic (plutôt vrai mais pas forcément dérangeant), quasi-disparition de la rythmique Hookienne ayant contribué à modeler le son New Order
des 80’s, rendu final trop pop, pas assez rock, trop mainstream, trop lisse… Un
album qui tourne définitivement le dos à l’héritage de Joy Division, mémoire
Ian Curtis en tête. Où est le post-punk dans tout ça ? Peut-être.
Autre proposition de contexte. En 1993 New Order n’a plus
rien ou presque : des millions de pounds de ventes de disques et de
tournées accumulées depuis 10 ans, les quatre compères n’ont en effet quasiment
rien touché de concret, laissant imprudemment leur manager Rob Gretton et Tony
Wilson reverser tous leurs bénéfices dans les caisses du label Factory dont ils étaient très accessoirement associés – et surtout dans celles de l’Haçienda, club iconique de Manchester et
vitrine clinquante de Factory. Les mécanismes à l’œuvre et l’issue finale sont
connues : incompétence et inconséquence managériale et budgétaire à tous
les étages, déficit abyssal toujours plus creusé. Wilson et Gretton auraient pu
signer quelques autres groupes locaux pour renflouer un peu le bateau (les
Smiths par exemple, au hasard), mais non. Ils préféraient le
funk-rock expérimental (cf. A Certain Ratio). Début 92 le château de cartes
s’effondre en quelques semaines. Factory ne possède virtuellement rien, même
pas les droits de ses propres artistes (le marxisme mis en application). New
Order se retrouve dans la nature, et vendu au plus offrant (London Records).
Fin.
Extrait 1. "Ruined in a day",
la très explicite 3ème piste de Republic : une adresse directe
à Tony Wilson et à ses grandes promesses foireuses non suivies d’effet, avec
déclaration d’indépendance assortie (« Some people like to deceive you,
while others may feel that they need you... While I do the best that I can,
keeping my life in my hands »). Rancœur certaine. Paradoxalement,
une des chansons les plus douces de New Order jamais enregistrées - mais d'un doux-amer. Clip
totalement jeté en revanche.
Bilan de tout cela : Sumner, Hook, Morris et Gilbert ont cravaché
pour rien pendant 10 ans - financièrement parlant s'entend. Un verdict particulièrement difficile à avaler pour Sumner, qui détestait fondamentalement les déplacements et tournées à rallonge que New Order était obligé de s'infliger pour renflouer constamment les caisses de Tony Wilson, et s'abimait conséquemment dans des cuites dantesques et crises de nerfs à répétition pour faire passer le tout : "I was a short fuse, burning all the time*..." livre-t-il en forme de confession dans "Regret". La médecine finira par le stopper.
* "J'étais comme une cocotte-minute, toujours prêt à exploser..." (ou traduction littérale : comme un plomb prêt à sauter)
Tout cela pour rien donc, et même un peu moins que ça : en 1986 les impôts britanniques réalisent que Wilson et Gretton n’ont jamais pris
soin de déclarer les bénéfices de New Order au fisc, préférant les engloutir
directement dans les finances de l’Haçienda, monstre déficitaire à quatre ou huit
têtes. On ne fait pas les choses comme ça : amende de 875 000 pounds à la
clé, record national pour un groupe de rock. Reste à rembourser.
Republic c’est aussi ça : l’histoire de 10
ans de carrière (15 avec Joy Division) effacés d’un trait de stylo-bille, et d’un
groupe qui n’a plus d’autre ambition possible qu’effacer l’ardoise, dans un
premier temps. Après, ce sera chacun de son côté… Répercussion directe, et quasi physiologique, un sentiment
général de légère fatigue qui se dégage de l'album dans son entièreté, parfois de dépit même, une sorte de tristesse
souterraine qui imprègne implicitement tous les beats et les mélodies de Sumner – inhabituellement
lentes, presque trainantes. Les années 80, années de transe rock et de dancing
spirit, sont finies. Reste la réalité maintenant, c’est à dire le désastre, littéralement
(chute des stars).
Cette chute, Peter Saville, l’éternel directeur artistique
de Factory et New Order, la traduit bien sur la pochette de Republic : d’un
côté l’image idyllique de la plage et du ciel bleu californien, d’un joli
couple avec une jolie bouée menant sa jolie vie de série télévisée, de l’autre
le feu à la maison qui a déjà tout détruit. Tout périt un jour nous dit
Saville, et il sait de quoi il parle (associé de Factory lui aussi). Chute de
Factory, et chute d’une civilisation : exit la new wave et le post-punk, exit
Joy Division et Ian Curtis, exit les années 70 glaciales de Manchester et ses
scooter boys shootés à l'ennui et au speed qui se pèlent dans la brume, exit les usines délabrées transformées
en salles de répét’, les premiers concerts punk et les publics qui crachent, exit les labels auto-gérés et auto-proclamés et les visées
politiques marxo-situationnistes foutraques et incompréhensibles du seul Tony
Wilson et de ses lectures anarcho-révolutionnaires opaques, exit tout ce bordel obsolète. Le prochain grand groupe de Manchester
sera Oasis, perfection de brit-pop mainstream sans ambitions politiques (no
offense).
Et là-dessus s’ouvre l’album Republic et "Regret",
avec ces quelques phrases fredonnées du bout des lèvres par Sumner : « Maybe
I've forgotten the name and the address… Of everyone I've ever known, it's
nothing I regret… ». Pas de regret possible, ni de retour en arrière : le
monde a trahi.
Restent Bernard Sumner, sa jolie voix douce et ses intuitions pop, et ces quelques beats électro
étonnamment sages et mélancoliques en cette année 1993. Il faudra se contenter de ça.
Extrait 2. « Regret » : première piste et premier single de l'album. Hit instantané construit sur une ligne
de basse mémorable, et par là-même seule chanson de Republic non reniée par Peter Hook (le petit riff à la guitare de Sumner n’est pas mal
non plus). Clip mainstream un peu plat imposé par London Records, et tourné à
Rome sans raison évidente (parce que c’est joli ?). Apparitions de Sumner,
Hook, Morris et Gilbert pas très enjouées. « It looks
nice but doesn't say much » résumera bien Peter Hook.
En bonus et en conclusion : "Spooky", quatrième piste et appel univoque à l'émancipation. "We could break every rule, anytime we wanted to…" suggère Sumner de sa petite voix claire faussement naïve pour envoyer balader tous les profiteurs et commentateurs
de de la Terre. "Don't be afraid to live this way, let’s defend the things we
say...". Oui, il faut défendre Republic.
Avertissement : Ce qui suit est tiré de la lecture de The Haçienda, How to Not Run a Club par Peter Hook (bassiste de New
Order), qui y conte la folle aventure de cette salle de concert / club mythique
de Manchester, propriété du label local Factory, aussi célèbre pour quasiment
inventé la culture rave / électro à la fin des années 80 que pour avoir consciencieusement
englouti des millions d’euros en choix financiers démentiels pendant plus de 15
ans. Le club sera finalement fermé pour de bon en 1997, alors empêtré jusqu’au
coup dans les problèmes de drogues et de violences de gangs – campant là à
cause de l’ectasy omniprésente à l’époque.
Un exemple parmi tant d’autres : en 1982 Rob Gretton –
le manager de New Order et dirigeant de l’Haçienda – propose 3000 pounds, une
somme assez conséquente dans le rock indé à l’époque, au groupe The Teardrop
Explodes pour venir jouer un soir. L’idée est de faire un concert « secret »
leur dit-il, persuadé que ce concept génial et avant-gardiste, très dans l’esprit
Factory, drainerait au contraire des centaines de fans hystérique. Huit personnes
se pointeront ce soir-là, dixit Peter Hook. Des histoires comme ça il n’en
manque pas.
Malgré cela l’Haçienda a vu passer, surtout dans ses
premières années, quantité de vieilles gloires du punk-rock ou de jeunes groupes
indé appelés à jouer un certain rôle dans l'histoire du rock anglais et international. Ci-dessous, 4
groupes et artistes ayant particulièrement marqué leur temps. Pas mal d’autres
auraient mérité d’y figurer (les Pogues, Nick Cave, Sonic Youth, The Jesus
& Mary Chain, les Happy Mondays, Tom Verlaine, Johnny Thunders, Alan Vega…)
mais toute la mémoire du monde n'est pas renfermée dans Youtube hélas… Ou de qualité vidéo correcte.
The Smiths (1983)
En 1983 les Smiths trainent déjà un gros buzz derrière eux
avec leurs premiers singles, et sont sur le point d’exploser plus encore avec l’album
The Smiths, prélude à 5 ans d’un
succès immense en Grande-Bretagne. Mancuniens de naissance tous les quatre
(Morrissey était dans le public du fameux concert des Sex Pistols au Lesser
Free Trade Hall en 76, avec les Buzzcocks et Joy Division entre autres), ils se
produisent trois fois à l’Haçienda cette année-là, soient trois dates qui
resteront dans les mémoires de tous les heureux présents semble-t-il (notamment
le grand JD Beauvallet, qui en parle dans sa bio). Un moment d’extase parodoxal pour un
groupe qui se tiendra toujours à distance du clan Factory, particulièrement
Morrissey qui dira peu gouter l’esthétique musicale lugubre et ésotérique de
Joy Division, Factory et compagnie. Les pelletées de fleurs jetées sur scène et
dans le public étaient aussi une réponse à cela.
Ci-dessous, le live de "Handsome Devil" (face B de leur premier single, "Hand in Glove"), pris lors de leur première date à l’Haçienda (4 février 83).
Morrissey, chemise ouverte sur collier hippie multicolore, est déjà l’homme qui
séduira tout le Royaume-Uni. Johnny Marr, génie de la guitare, semble lui avoir
dans les 15-16 ans tout au plus. « The only thing to be, in 1983, is
handsome » déclare Morrissey en intro, dans une pique assez transparente à
l’esprit Factory.
Début 1984 Madonna vient de sortir son premier album et est
déjà une petite star aux US, mais à peu près inconnue en Europe. L’Haçienda est
la première salle où elle se produit de l’autre côté de l’Atlantique, dans le
cadre de l’émission TV culte The Tube
(présentée par le non moins culte Jools Holland, plus tard présentateur de Later with Jools). C’est par l’entremise
de son compagnon de l’époque – le DJ Mark Kamins, qui avait connu New Order et
co pendant leur période new-yorkaise – qu’elle se retrouva là.
En guise de prestation, seulement deux titres ("Burning Up" et "Holiday") et tous deux en play-back télévision oblige. Le numéro de
danse mérite un peu plus le détour, mais ne semble guère impressionner le
public mancunien rassemblé ce soir-là, assez stoïque. La légende veut que Rob
Gretton et Peter Hook, davantage impressionnés, auraient été proposer à la
future Queen of Pop de venir refaire quelques chansons pour un petit cachet
assez dérisoire (50 pounds). « Fuck off » aurait-elle répondu.
New Order (1985)
Le groupe de Peter Hook, Sumner et co a évidemment joué
quantité de fois à l’Haçienda, ses quatre membres en étant actionnaires à part
entière au même titre que Rob Gretton, leur manager. Un choix économique
catastrophique a posteriori, qui engloutira quasiment toute le produit de leurs
tournées et ventes de disques pendant dix ans. « C’est seulement des
années plus tard que j’ai compris que c’est New Order qui payait pour tout ça,
résumera Peter Hook dans le bouquin. Quelle bande de débiles on était. C’est
facile de manipuler un musicien : donnez-lui de l’alcool gratuit et il
dira oui à tout. »
Ci-dessous, une interprétation très rock de "Sunrise"
en 1985, chanson extraite du merveilleux album Low-Life (même année). A noter l’iconique poteau de sécurité
jaune-noir au milieu du public en délire, caractéristique de l’esthétique très
warholienne de l’endroit.
The Stones Roses (1989)
En 1989 les Stones Roses, autre groupe mancunien, sont sur
le toit du monde, ou au moins de l’Angleterre : leur premier album, The Stone Roses, est un carton absolu et
leur vaut des concerts pleins à craquer dans tout le pays (27 000 personnes
à Spike Island notamment, au beau milieu d’un champ). Ils n’y resteront pas
longtemps, la faute à des divergences de vue intra-groupe et surtout à une
gestion financière absolument catastrophique, là encore, de leur manager (ils
ne toucheront quasiment rien sur les ventes de leur album).
Mais le 27 février le cœur est encore là, et les Stone
Roses sont à l’Haçienda pour un concert capté par la TV de l’époque, flairant
déjà le raz-de-marée qui s’annonce. 2 titres au programme : le hit psychédélique "I
wanna be adored" et le beaucoup plus pop "Sugar Spun Sister".