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jeudi 13 mars 2025

Thus Love : punks option théâtre

 

Photo personnelle

Février 2023 : souvenir de l’irruption de Thus Love, trio inconnu ou presque sur la scène du Supersonic. L’affiche sentait le souffre pourtant : quelques mois avant, en octobre, ces trois musiciens queers installés dans le Vermont étaient sortis d’absolument nulle part avec un premier album post-punk redoutable d’efficacité et de sens mélodique (Memorial), un des meilleurs de l’année tout simplement. Des tubes, déjà ("Repetitioner" et "Inamorato" surtout, vrais petits hymnes indie-rock à riffs en arpèges totalement jouissifs), de la présence scénique, beaucoup (Echo Mars, scintillant à la guitare et aux chant), les trois n’avaient pas déçu. C’était l’un des premiers concerts après une longue disette personnelle, à l’époque, et on s’était dit qu’il y en aurait d’autres. Promesse tenue.

Deux ans plus tard, la line-up a un peu évolué (basse et seconde guitare) mais les fondamentaux sont toujours là et Thus Love reste une expérience singulière. La preuve dès l’entame : contre toutes les règles d’usage Echo Mars et consorts balancent direct leurs trois titres les plus streamés (les deux cités plus haut plus "On The Floor", premier single de leur dernier LP, daté de novembre), assumant de se débarrasser du fan service avant de rentrer dans le plus osé, le plus punk. Un jeu à somme positive : le public est ravi d’entrée, prend un ou deux reels pour les réseaux et puis l’atmosphère s’épaissit, et les morceaux de bravoure à la guitare aussi.

Il faut un peu de contenu pour cela évidemment, et Thus Love l’a : parfois austère sur album, leurs non-singles claquent très fort en live et captivent l’audience tout du long, consciente d’assister à un truc plutôt cool : un post-punk lourd et ludique à la fois, épais dans son rendu sonore mais toujours simple et funky dans ses intentions. Echo Mars cabotine un peu au micro mais pas trop, juste au bon niveau. Lu Racine et Ally Juleen mènent la barre à la rythmique, inattaquable, tandis qu’Echo prend toute la (faible) lumière au centre, ultra-photogénique dans son débardeur noir et ses solos de guitare déclinés dans toutes les positions. A l’occasion il se rapproche d’Ally Juleen (basse), dos à dos jusqu’à se toucher, et les deux poussent alors la guitare à fond en poussant sur les jambes dans une sorte d’équilibre très précaire, très théâtral… C’est saisissant, c’est amusant, sans jamais basculer dans l’overdose de testostérone. On aime.

Des temps forts ? Pas vraiment, plutôt un enchaînement de tempos courts et racés, renouvelant sans cesse l’envie de bouger la tête d’une façon ou l’autre. Citons quand même "Birthday Song" et "Show Me Patience", qui détonnent. Il y a un fond pop dans le punk de ces gars-là et c’est ce qui marche. Ajoutez un dernier hit de Memorial au milieu de tout cela ("In Tandem") et la recette prend toute seule. Live court mais dense, achevé sous les acclamations.

Ils reviennent pour un petit titre ("Family Man") et innovent encore : Echo Mars pose la guitare et nous sort d’énormes lunettes noires de mafieux marseillais, se la jouant crooner et buste en arrière pour les ultimes minutes. Il a de la réserve. Les guitares claquent une dernière fois et ils s’en vont direct, ne poussant pas plus loin. Pas besoin.

 

 

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