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jeudi 5 juin 2025

Stereolab : y'a du krautrock dans l'air...

 

Photo personnelle

Soirée expérimentale au Trianon hier : les Anglais de Stereolab viennent défendre leur dernier album depuis un bail (Instant Holograms on Metal Film, 15 ans après le précédent) et pour l'occasion les guichets sont évidemment complets et toute la confrérie rock indie de sortie... Stereolab, c'est le genre de groupe qu'il faut mieux avoir écouté un jour si l'on veut suivre en soirée : arty, innovatrice côté sons et images, engagée, déterminée, résolument autonome, la bande de Laetitia Sadier et Tim Gane n'a jamais vraiment marqué les charts mais figure peut-être dans le top 10 all-time des groupes "culte" (ça ne veut rien dire mais vous voyez l'idée). La francité de sa chanteuse et instrumentiste multiple (guitare, synthé, trombone) ne gâche rien non plus, bien sûr. Combien de groupes de rock anglophones peuvent se targuer d'avoir une vocaliste frenchy fredonnant l'anglais comme Françoise Hardy époque swinging sixties ? C'est so délicat.

Pour l'aspect local on repassera toutefois, et heureusement, car les influences de Stereolab sont éminemment multiples quoique globalement divisées en deux : électro-pop sophistiquée matinée de rythmes bossa et autres d'un côté (so London), gros krautrock expérimental à la rythmique ébouriffante et psyché de l'autre (so Deutschland). On aime bien le premier, on adore le second. Bipartition de la setlist du soir également, avec une moitié de titres anciens et une moitié de titres du dernier LP, dont l'incroyable enchainement "If You Remember I Forgot How To Dream" part 1 et 2, qui s'étire pendant des plombes et nous transporte absolument ailleurs avec ses incroyables parties de batterie et de guitare... C'est motorique, répétitif, mais aussi complètement prenant et entêtant. C'est Köln, 1971, et ces doux malades de Can entament une version live de 17 minutes d'une chanson au titre absurde et imprononçable. Impro totale, interminable, batterie démoniaque, incantation. On pressent la transcendance, une seconde. C'est une note. Retour à Paris : Andy Ramsay se démène comme une machine détraquée sur ses toms et cymbales, le plancher vibre, les yeux se ferment, on vibre au seul son des pam, pam, pam, pam pam ! C'est brut, c'est doux, tout à la fois. Pas grand monde ne fait ça.

Que dire d'autre ? L'essentiel est là. Ambiance de fête dans la salle, et émotions contenues. Les applaudissements fournis se multiplient, virant régulièrement à la standing ovation. Laetitia Sadier nous dit merci, merci, et le public aussi. C'est une amie exilée, mais pardonnée. Pour la peine elle offre "Cybele's Reverie" en conclusion, puis en rappel de vieux titres qui lui tiennent à cœur en ces temps troublés (liberté d'expression, de ton). Une liberté prise avec les conventions aussi : pas de "French Disko" ce soir, n°1 en streaming ou pas. Ils font ce qu'ils veulent, ils ont raison.

Le show se clôt sur une dernière partie instrumentale, forcément géniale.


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