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Photo personnelle |
Grosse résurgence du passé vendredi dernier au Razzmattaz, carrer de Pamplona :
le quintet indie-pop The Pains of Being Pure at Heart achève ou presque son "reunion tour" inattendu
dans la péninsule ibérique, drainant une large foule d'indie kids ravis à Barcelone après avoir pacifiquement conquis le reste de
l'Espagne et du Portugal... Une tournée UK est aussi prévue pour
bientôt, mais rien en France à cette heure. Un appel au voyage.
The Pains of Being Pure at Heart
- un des plus beaux noms de la scène rock indubitablement - n'a pas
marqué l'histoire de la musique mais leurs premières sorties à la fin
des 00's ont su toucher un certain public rock fan de groupes
mineurs à charme majeur : l'image de quatre puis cinq amis sages et propres sur eux d'abord, en rupture avec une certaine esthétique indie crade, néo-punk ou "sleaze" du début des 00's (Strokes, Libertines, etc.), et puis surtout ce savant mélange made in NYC de twee-pop
mignonne pour college kids et de grosses guitares très noisy branchées
sur toutes les pédales d'effet possibles... Une déflagration de douceur,
garantie sans effets secondaires. Un cocktail qui s'est ensuite adouci, par la volonté de leur leader Kip Berman notamment, puis à finalement abouti à la
dissolution du groupe - dernier album en 2018.
Sublime surprise que cette tournée sortie de nulle part donc, même réduite à la
péninsule ibérique (c'est rare). Pour l'occasion la line-up d'origine
est presque de retour - avec Penny Wang aux claviers mais sans Alex
Naidus à la basse, excusé.
Aucune
surprise côté setlist en revanche : c'est le premier LP emblématique du
groupe (du même nom) qui est prévu en totalité et dans l'ordre sur la tournée, fan
service oblige. Une façon de faire un peu schématique mais qui se
généralise à vitesse grand V ces dernières années, les promoteurs de tournées ayant
apparemment bien saisi les désirs profonds du public rock ou autres... No surprise.
La
salle s'enflamme donc dès l'entame avec "Contender", et encore davantage
avec "Come Saturday", vraie petite perle de noise-pop entêtante ET
assourdissante - les têtes se balancent, se balancent, les guitares crépitent, la foule fait "oh oh oh..." comme dans la version studio, c'est beau... La balance
sonore, quant à elle, est un peu lourde par moments (peu de places pour
les petits riffs mélodiques et les claviers) mais la recette fonctionne
globalement, comme sur l'extra "This Love Is Fucking Right!" - enthousiasme communicatif jusqu'au titre - alternant doux refrain pop ("you're my sister...") et
gros fracas de guitare/basse bien lourds et grésillants.
Dans cet équilibre scénique et sonore Penny Wang (claviers) est un peu isolée tout à droite, de fait, mais
compense avec la frange la plus hip des années 2007-2013, et les backing vocals.
Kip
Berman se donne à fond de son coté, plein centre, au chant comme à la
guitare, rythmique le plus souvent mais parfois en lead. Il descend très
bas sur les genoux et nous offre quelques instants très
photographiques, dos à la scène et la face presque à terre tandis que les
amplis crachent très très fort, typiques de TPOBPAH première période. Il en pétera même une corde en toute fin de set, avant le rappel. Ça
ne s'invente pas.
Première
séquence d'applaudissements, premières émotions. La tournée est un petit
succès à en croire Kip, particulièrement content d'être à Barcelone là
où TPOBPAH avait fait son premier live il y a quelques années (en Europe on
imagine). Autre indication : le stock de vinyles déjà écoulé depuis
belle lurette hélas, faute de provisions suffisantes apportées des États-Unis...
C'est dommage, on en aurait bien ramené un dans le TGV pour Paris.
Premières
acclamations donc, puis retour. Suivent quelques morceaux plus récents
(les jolis "Belong" et "Say No To Love") ou plus anciens au contraire,
notamment la self-titled "The Pains of Being Pure at Heart" (extrait de leur premier EP, 2007) qui clôt définitivement le set après un
dernier déluge de guitares... Une heure au compteur au final, tout pile.
C'est un peu court mais pas totalement incohérent avec la durée de leur
premier LP (34 minutes), volontairement pressé et juvénile. Personne
n'a l'air de leur en vouloir d'ailleurs... Nous un peu mais c'est la vie !
Tout a une fin.
Reste le
plaisir d'avoir découvert le Razzmattaz (une salle de moyenne capacité
mais très bien foutue) et d'avoir traversé les Pyrénées pour assister en
personne à la reformation rock la plus attendue de 2025, catégorie "groupe inconnu de la masse ou presque".
Plus besoin de tickets pour Oasis après ça.