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vendredi 19 septembre 2025

Clap Your Hands Say Yeah : revoir un ami

 

Revoir Clap Your Hands Say Yeah, 15 ans après, c’est un peu comme revoir ce très bon ami d’université que vous avez un peu perdu de vue depuis qu’il a rencontré quelqu’un, eu deux enfants et est parti s’installer à Bordeaux pour le boulot… Vous ne connaissez pas grand-chose de sa vie aujourd’hui, mais les souvenirs subsistent.

Pour Alec Ounsworth, leader de CYHSY, c’est un peu pareil : hier en traversant Paris à vélo pour rejoindre la Gaîté Lyrique me revenaient des flashs de 2010 et de ses environs – avoir moins de 30 ans, écouter sa musique en MP3 sur iPod, télécharger sur eMule, habiter à Montmartre dans un rez de chaussée bien placé mais sombre comme un monastère, découvrir peu à peu Paris et la musique indie, entendre parler de nouveaux groupes je ne sais même plus comment, trouver génial le nom Clap Your Hands Say Yeah et leur musique aussi, drôle de mélange de gros rock noisy et de musique de carnaval, écouter ça en boucle dans le métro, dans la rue, dans les salles d’attente, trouver que la première chanson de Some Loud Thunder sonne bizarre (peut-être un problème de fichier?), l’adorer finalement, faire tourner le disque solo d’Alec non stop aussi (oh my my, obscure queen bee…), avoir trouvé son nouveau groupe fétiche en fait, peut-être, et puis finalement aller les voir un soir à la Maroquinerie en 2011 et… pas de souvenirs ou presque. Étrange.

Et puis 15 ans. Autres groupes, autres intérêts, autres adresses. Trois albums sortis mais pas écoutés, ou presque. Chacun fait sa vie.

Et puis jeudi, à la Gaité. Alec Ounsworth n’a pas changé. Casquette plate à la Bob Dylan visée sur sa tignasse bouclée, look de hobo débraillé, voix haut perchée, il est toujours l’incarnation de cette Amérique post-hippie un peu marginale qui semble toujours prête à s’éteindre mais ne disparait jamais totalement… Pour l’instant. Adieu Robert Redfort, adieu le Washington Post. Alec, quant à lui, a détesté à peu près tous les gouvernements US depuis qu’il est né nous confie-t-il, et la série n’est pas prête de s’arrêter. Fatigue. Soutien à la manif à Paris tout de même, parce qu’il faut bien. Les années passent et rien ne s’arrange.

Le concert s’ouvrira sur une surprise, lui : "Some Loud Thunder", la fameuse ouverture noisy de leur second album (alors que c’est les 20 ans du premier que l’on fête ce soir, ndlr). Une version assez peu reconnaissable d’abord, puis entrainante. Did you wonder... Gros flash de nostalgie. Le métro en 2010, la rue André Del Sarte, tout ça à la fois. Et puis le set attendu commence.

Pas de déception, ni de grosse surprise. Les classiques sont là, en nombre réconfortant, et bien exécutés dans l’ensemble même si le son est parfois aléatoire, aux vocals notamment (l’inconvénient d’être tout devant). On n’entend pas extrêmement bien Alec sur le mythique "Let The Cool Goddess Rust Away" en ouverture mais ça n’est pas très grave, au fond… Les parties de guitare sont fortes et pêchues elles, vivifiantes. Rajeunissantes ? Si seulement. Les moments forts attendus s’enchainent, du petit riff espiègle de "Over andOver Again" au gros country-rock qui tâche de « The Skin of my Yellow Country Teeth » (ci-dessous). Alec parle pas mal entre les morceaux, il a l’air de se sentir bien ici, à Paris. C’est ce qu’il dit. Je filme "Is This Home On Ice", un titre écouté 3000 fois à l’époque avec sa fin hypnotisante. J’aurai une trace, cette fois.

L’ambiance est joyeuse, la soirée belle, l’album anniversaire se finit mais le set se prolonge avec d’autres titres, évidemment. 38 minutes c’eut été un peu court. Alec parle encore et vient tout près du public pour "Satan Said Dance". « Satan, Satan Satan… » implore-t-il le micro tendu, et le public suit. Said Dance !!! C’est fini ou presque maintenant, et je ne sais toujours pas s’il est bon d’être nostalgique ou pas. Les vieux amis est-ce mieux en souvenir ou en chair et en os ?

Je me déciderai demain.



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