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mardi 7 mars 2023

Anniversaire - New Order / Blue Monday

Happy birthday, Blue Monday ! Le plus grand succès de New Order est sorti il y a tout juste 40 ans (le 7 mars 1983), dans une relative indifférence d’abord, avant de connaître le succès qu’on sait (maxi le plus vendu de l’histoire au Royaume-Uni, avec plus d'un million de disques écoulés). Tout a été dit ou presque sur cette chanson, et pourtant... Quelques anecdotes plus bas.


- New Order et Factory Records ne s'attendaient absolument pas à écouler des centaines de milliers de disques avec ce titre, et pour cause... On parle d'une chanson de 7 minutes 30 dans sa version originale (la version single raccourcie ne sortira qu'en 88) et au style totalement OVNiesque à l’époque (du synth-disco-techno-pop?), qui n'avait pas du tout vocation à être un single phare du groupe, mais plutôt un sorte de clin d’œil / bravade musicale (cf. plus bas). Logiquement invisible en radio à sa sortie, le morceau a décollé grâce aux DJs qui le passaient en boucle en club.

- Tablant sur quelques milliers de ventes au plus, le label Factory, avec la complicité du grand directeur artistique maison Peter Saville, avait donc fait imprimer les premiers vinyles dans une pochette en forme de disquette PC très adaptée au contenu musical et very artistic indeed, mais aussi hors de prix : la légende dit que Factory (et New Order par extension) perdaient 5 cents par disque vendu, ce qui parait assez délirant, mais totalement plausible quand on connaît le passif financier de Factory (faillite en 1992). Procédé heureusement abandonné pour les impressions suivantes.

- Autre accident : l’enregistrement original, sur une boîte à rythme toute nouvelle venant de sortir sur le marché (la fameuse Oberheim DMX, qui sera largement popularisée par la suite, et qui a inspiré le nom du groupe hip-hop Run DMX), a été perdu, forçant le groupe à tout refaire. Il en ressortira un truc assez différent, mais intéressant. Le mix final résulte en outre d’une erreur de séquençage de Gillian Gilbert (oubli d'une note, d'où un léger décalage entre beat et mélodie), que le groupe a finalement décidé de garder, et qui donne la petite note sonore inimitable de ce titre.

- Musicalement parlant, "Blue Monday" est à la base construit sur un sample de "Our Love" de Donna Summer (1979), que le groupe adorait et voulait absolument reprendre en clin d'oeil à l'Italien Giorgio Moroder, producteur de ce titre et pionnier de l'électro/new wave dans les années 70. On y trouve aussi un sample des allemands de Kraftwerk, autre grand influence du groupe, et allégrement copiés par toute la planète dans les années 80.

- Le titre aurait lui deux origines : un livre de science-fiction de Kurt Vonnegut que lisait Stephen Morris à l'époque (dans lequel l'arrivée de la machine à laver est annoncée avec grandiloquence par un "Goodbye Blue Monday" pour les femmes au foyer, c'est à dire au-revoir la déprime du lundi), ou plus simplement une chanson de Fats Domino du même nom. Le terme est depuis rentré dans le langage courant au Royaume-Uni, décrivant le phénomène bien connu du "ça va comme un lundi...". Un Blue Monday annuel / jour le plus déprimant de l'année a même été décrété le 15 janvier, sous des justifications scientifiques assez fumeuses.

- Quant aux lyrics (qui démarrent par le fameux "how does it fell..."), écrits par Bernard Sumner en 5 ou 10 minutes à tout casser parait-il, ils seraient avant tout l’effet du LSD, comme beaucoup des chansons de New Order à cette période. Sumner, plutôt introverti de nature, et pas spécialement bâti pour être frontman (c'était le rôle de Ian Curtis à l'origine), disait en effet ingérer de petites quantités de psychotropes pour se désinhiber et assumer ses nouvelles responsabilités de singer/songwriter. Les quantités augmenteront avec les années. L'influence de ce procédé est bien visible dans l'album qui suit (Power, corruption & lies), notamment sur "The Village" ou la bien-nommée "Ecstasy".

- Invités à Top of the Pops en 83 (la grande émission musicale au Royaume-Uni, sorte d'équivalent de notre défunt Hit Machine), New Order a insisté pour jouer le titre en live, et non en playback comme la BBC le faisait à l'époque, ce qu'aucun groupe ne demandait jamais. Une façon pour eux de s'en tenir à leur éthique "punk" des débuts, comme le fait de refuser de faire des vidéo clips promotionnels ou d'inclure des singles dans leurs albums, ou même de vendre des t-shirts (très mauvais choix financier, comme toutes les décisions de Factory Records). « It sounded bloody awful » avouera Peter Hook. Version très raccourcie pour l’occasion, à 4 petites minutes. 

- Par la suite, la chanson est évidemment apparue dans un certain nombre de films et séries. Une occurrence très récente, et en France : le film Stella est amoureuse, de Sylvie Verheyde avec Marine Foïs et Benjamin Biolay, plongée rétro/nostalgique dans le Paris clubbeur des années 80, dans lequel "Blue Monday" donne le la d'une scène de danse très réussie aux Bains-Douches (extrait ci-dessous).

- Une version accoustique peu réaliste mais assez marrante se cache aussi dans le formidable 24 Hour Party People de Michael Winterbottom (film sur l'histoire de Factory Records), avec l'acteur John Simm poussant la chansonnette en lieu et place de Bernard Sumner. "We're gonna sell fuck all, so it doesn't matter" (on va vendre que dalle, donc ça n'a aucune importance) répond Tony Wilson / Steve Coogan (directeur de Factory Records) quand on lui explique que la pochette va leur coûter les yeux de la tête


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