Suivre sur les réseaux sociaux

samedi 28 septembre 2024

Paris Popfest 2024 : aux sombres héros de l'Indie

 

Les Freluquets, 33 ans après (photo personnelle)
 

Au Hasard Ludique, le 27 septembre 2024

Nostalgie indie, round 2. Après la petite dose de la semaine dernière au Cabaret Sauvage (Wedding Present, Chameleons), la deuxième soirée du Paris Popfest – dernier festival parisien de la saison, installé au Hasard Ludique dans le Nord-ouest parisien – ne lésinait pas non plus sur les vieilles gloires de la meilleure scène UK des années 80, et même au-delà ce soir avec une très attendue incursion de notre côté de la Manche… Un vendredi soir spécial flashbacks et pop très léchée.

En intro Would-Be-Goods (Jessica Griffin + Peter Momtchiloff d’Heavenly) devait initialement débuter les hostilités, mais ils sont finalement portés pâles la veille… The Gentle Spring les remplace gentiment, déjà prévus le lendemain sur les rails (en set acoustique). Avec eux c’est un premier vétéran de l’époque indie-pop / C86 qui vient poser sa guitare devant nous : Michael Hiscock en l’occurrence, bassiste du légendaire groupe The Field Mice, écurie Sarah Records – en duo avec Emilie Guillaumot au synthé, et accompagnés en live de Jérémie Orsel à la guitare. On les avait déjà vus en ouverture de la grande soirée Sarah Records au printemps d’ailleurs (déjà organisée par les gens du Paris Popfest), avant 14 Iced Bears et Heavenly... Décidément. Ils rééditent leur perf de la dernière fois ce soir, entre charmants instants de guitare pop acoustique et petites envolées de synthés avec Emilie Guillaumot à la voix. Une bonne entrée en matière.

Gros morceau ensuite, dès le second set : la reformation des Freluquets, groupe archi-confidentiel mais légendaire de la petite scène indie-rock française des années 80/90. Un groupe perpignanais d’abord puis échoué à Paris avec une line-up un peu changée… Elle l’est encore davantage ce soir, 33 ans après leur dernier concert (!!!) : si Philippe Lavergne est toujours là à la guitare le reste de la formation a pas mal changé pour l’occasion avec notamment l’arrivée de Marc Poitvin, autre figure de la scène rock alternative de l’époque -  chanteur chez Via Romance, un autre groupe présent sur la fameuse compil Contresens dédiée à l'indie français et publiée par les Inrocks en 1991... Cela ne nous rajeunit pas.

Set superbe. Les nouveaux Freluquets n’en rajoutent pas dans la nostalgie et offrent 40 minutes d’excellente pop à guitares à la française – et chantée en français qui plus est, une originalité contemporaine qui attire tout de suite l'oreille. Textes mi-naïfs mi-rock – très romantisme 1987 –, compos pop lancinantes, parfois traînantes et un peu "jangle" comme on dit, les cinq amis d’un soir refourguent leurs vieux tubes avec grande agilité : "Les Amants" et "La Débauche" notamment, cette dernière étant peut-être la plus illustrative de leur style très gentiment décadent. « Je suis riche de rêves et de débauches… » nous chantonne Marc Poitvin avec sa belle voix toujours claire, mariant joliment poésie à la française et pop spirit britannique. Le public, comptant quelques amis, est conquis. Idem sur la très UK-friendly ballade "Bristol", favorite du public qui sera même rejouée en rappel… Le Paris pop est en fête. Le rythme s’accélère un peu pour "La Spirale" ensuite, rengaine sur l’addiction jouée pied au plancher toutes guitares et lumières dehors, et avant cela pour un petit titre original, jamais sorti car bande-son bousillée par un studio pas très pro à Perpignan quelques décennies plus tôt… Il faudra le ré-enregistrer et revenir nous voir, alors. Pour le Paris Pop Fest 2025 peut-être ?

Changement d’époque complet avec Chime School, projet actuel du Californien Andy Pastalaniec, amoureux de jangle-pop ensoleillée et impliqué dans moult autres projets musicaux. Venu de San Francisco, le quatuor assemblé pour la tournée démarre fort avec "Gone Too Fast" (sic), une petite ballade power-pop parfaite que ne renieraient pas leurs ainés californiens des Byrds ou même, plus près de nous, les Écossais de Teenage Fanclub : très ciselée en version studio, la petite jangle-pop orfèvre de Chime School se fait ainsi nettement plus frondeuse et rock ce soir, nous offrant quantité de petits grondements noise-pop plus proches du Wedding Present que des sixties hippies à la Scott McKenzie… L’effet de la traversée de l’Atlantique et de l'immersion soudain dans le gris pluvieux parisien ? Les quelques fans du garçon présents ce soir ne cachent pas leur plaisir en tout cas. Chime School version rock augmentée, c’est validé. On retiendra le dernier single présenté ce soir au passage ("Mercury Girl"), une reprise réussie des Cleaners From Venus, un autre groupe mythique indie UK des années 80… C’est la règle ce soir.

En toute logique c’est une formation phare de l’époque Sarah Records qui conclut donc la soirée au Hasard Ludique : The Orchids (Ecosse), actifs au tournant des années 80/90 d’abord (succès de leur album culte Lyceum, tout en mélancolie pop) puis reformés depuis les années 2010 avec trois albums dont le dernier en 2022. Avec une line-up quasi inchangée d’ailleurs – c’est rare, presque incrongru – James Hackett (chant, guitare acoustique) toujours entouré de deux guitaristes plus une batterie et une basse toute bleue, entre les mains d’un James Moody plus actif, souriant et sautillant que jamais à soixante ans bien passés ! L’homme a des airs de Joe Biden mais l’énergie d’un jeune lion. Grâce à l’esprit de la pop music.

Débuts un peu tranquilles toutefois, le temps que la machine se mette en marche, puis les Orchidées de Glasgow commencent à déballer leurs meilleurs hits en seconde partie : le si candide et si twee "It’s Only Obvious" d’abord ("who needs tomorrow…"). Grosse émotion et chants montants dans la salle. "When all I need… all I needed was you !". Simple et pur. D’autres refrains historiques suivent, dont le beaucoup plus remuant et rieur "Caveman", qui conclut les « 15 minutes de frénésie finale » promises par James Hackett trois morceaux plus tôt… Promesse plutôt tenue. Deux ou trois rappels sont même offerts à la foule, dans la lancée, la soirée s’achevant finalement sur une version extrêmement entêtante de "Something for the Longing", single de 1990. « And we can walk for hours and hours… » fredonne plein d’espoir James Hackett, la mélodie carillonnante des guitares pop écossaises l’entourant dans un dernier cri du cœur…

C’est ce qu’on fera dès aujourd’hui oui, avec la musique du Paris Popfest dans le casque. See you in 2025.

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire