Une des agréables surprises de cette année 2023 : 24 ans après leur dernier album studio, le duo anglais Everything But The Girl a annoncé un nouvel album à paraître le 21 avril (Fuse), dont trois singles ont déjà été extraits. "Nothing left to lose", mon pick de la semaine ci-dessous, était le premier en date : un retour très efficace à leur son électro de la fin des années 90, hypnotisant et accompagné d’un clip tout en mouvement.
« Kiss me while the world decays, kiss me while the music plays... » implore Tracy Thorn en fin de track, reflet d’une période de confinement Covid assez dure à vivre pour le groupe semble-t-il (Ben Watt, son partenaire et mari, est atteint d’une maladie auto-immune très rare). L’album à venir est né de la volonté de mettre tout cela derrière soi, et de retrouver la musique. Pourquoi pas.
Actif de 1984 à 1999, le temps de 10 albums, EBTG a épousé pas mal de styles au cours de leurs 15 ans d'une carrière relativement confidentielle, allant d’une folk-pop assez classique à leurs débuts à un son beaucoup plus électro au mitan des années 90 – en résonance avec la scène londonienne d'alors (cf. Massive Attack, Chemical Brothers, The Prodigy, etc.).
Leur plus grand succès ("Missing") est une histoire assez curieuse, et paradoxale, puisque c’est avec le remix électro de ce titre (par Todd Terry) qu’ils connaîtront par inadvertance un succès planétaire en 1995 – quelques mois après avoir été virés de leur label comme des malpropres, faute de résultats pour leur dernier album en date, Amplified Heart, contenant la version originale de "Missing" (beaucoup plus pop). Est-ce à cause de cela qu’ils décidèrent alors de se mettre eux-aussi à l’électro ? Mystère.
Les deux albums qui suivront – leurs derniers jusqu'à 2023 donc – s’orienteront en tout cas clairement vers une forme d’électro-pop/trip hop, très influencée aussi par la mode drum’n’bass alors en vogue à Londres – qui inspirera également Étienne Daho pour son album Eden (1996). Le premier (Walking Wounded) est sans doute le plus accessible, avec son single "Wrong" notamment, où la voix si caractéristique de Tracey Thorn – stridente et plaintive – rompt légèrement la monotonie du beat.
NB : Tracey Thorn, avant de fonder EBTG avec Ben Watt, fut chanteuse et guitariste des Marine Girls, un groupe de post-punk anglais culte et éphémère du début des années 80 : leur album Beach Party (1981), passé globalement inaperçu à l’époque, est un petit sommet d’indie-rock très lo-fi enregistré un peu à la va-vite. Kurt Cobain en fera d’ailleurs un de ses 50 albums préférés, aux côtés des Pixies, des Stooges ou de David Bowie.
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