Suivre sur les réseaux sociaux

mardi 28 mars 2023

L'Haçienda de Manchester, en 4 vidéos Youtube

Concert du groupe Rig à l'Haçienda, 04/11/1989

Avertissement : Ce qui suit est tiré de la lecture de The Haçienda, How to Not Run a Club par Peter Hook (bassiste de New Order), qui y conte la folle aventure de cette salle de concert / club mythique de Manchester, propriété du label local Factory, aussi célèbre pour quasiment inventé la culture rave / électro à la fin des années 80 que pour avoir consciencieusement englouti des millions d’euros en choix financiers démentiels pendant plus de 15 ans. Le club sera finalement fermé pour de bon en 1997, alors empêtré jusqu’au coup dans les problèmes de drogues et de violences de gangs – campant là à cause de l’ectasy omniprésente à l’époque.

Un exemple parmi tant d’autres : en 1982 Rob Gretton – le manager de New Order et dirigeant de l’Haçienda – propose 3000 pounds, une somme assez conséquente dans le rock indé à l’époque, au groupe The Teardrop Explodes pour venir jouer un soir. L’idée est de faire un concert « secret » leur dit-il, persuadé que ce concept génial et avant-gardiste, très dans l’esprit Factory, drainerait au contraire des centaines de fans hystérique. Huit personnes se pointeront ce soir-là, dixit Peter Hook. Des histoires comme ça il n’en manque pas.

Malgré cela l’Haçienda a vu passer, surtout dans ses premières années, quantité de vieilles gloires du punk-rock ou de jeunes groupes indé appelés à jouer un certain rôle dans l'histoire du rock anglais et international. Ci-dessous, 4 groupes et artistes ayant particulièrement marqué leur temps. Pas mal d’autres auraient mérité d’y figurer (les Pogues, Nick Cave, Sonic Youth, The Jesus & Mary Chain, les Happy Mondays, Tom Verlaine, Johnny Thunders, Alan Vega…) mais toute la mémoire du monde n'est pas renfermée dans Youtube hélas… Ou de qualité vidéo correcte.

The Smiths (1983)

En 1983 les Smiths trainent déjà un gros buzz derrière eux avec leurs premiers singles, et sont sur le point d’exploser plus encore avec l’album The Smiths, prélude à 5 ans d’un succès immense en Grande-Bretagne. Mancuniens de naissance tous les quatre (Morrissey était dans le public du fameux concert des Sex Pistols au Lesser Free Trade Hall en 76, avec les Buzzcocks et Joy Division entre autres), ils se produisent trois fois à l’Haçienda cette année-là, soient trois dates qui resteront dans les mémoires de tous les heureux présents semble-t-il (notamment le grand JD Beauvallet, qui en parle dans sa bio). Un moment d’extase parodoxal pour un groupe qui se tiendra toujours à distance du clan Factory, particulièrement Morrissey qui dira peu gouter l’esthétique musicale lugubre et ésotérique de Joy Division, Factory et compagnie. Les pelletées de fleurs jetées sur scène et dans le public étaient aussi une réponse à cela.

Ci-dessous, le live de "Handsome Devil" (face B de leur premier single, "Hand in Glove"), pris lors de leur première date à l’Haçienda (4 février 83). Morrissey, chemise ouverte sur collier hippie multicolore, est déjà l’homme qui séduira tout le Royaume-Uni. Johnny Marr, génie de la guitare, semble lui avoir dans les 15-16 ans tout au plus. « The only thing to be, in 1983, is handsome » déclare Morrissey en intro, dans une pique assez transparente à l’esprit Factory. 

Le concert complet est ICI.


Madonna (1984)

Début 1984 Madonna vient de sortir son premier album et est déjà une petite star aux US, mais à peu près inconnue en Europe. L’Haçienda est la première salle où elle se produit de l’autre côté de l’Atlantique, dans le cadre de l’émission TV culte The Tube (présentée par le non moins culte Jools Holland, plus tard présentateur de Later with Jools). C’est par l’entremise de son compagnon de l’époque – le DJ Mark Kamins, qui avait connu New Order et co pendant leur période new-yorkaise – qu’elle se retrouva là.

En guise de prestation, seulement deux titres ("Burning Up" et "Holiday") et tous deux en play-back télévision oblige. Le numéro de danse mérite un peu plus le détour, mais ne semble guère impressionner le public mancunien rassemblé ce soir-là, assez stoïque. La légende veut que Rob Gretton et Peter Hook, davantage impressionnés, auraient été proposer à la future Queen of Pop de venir refaire quelques chansons pour un petit cachet assez dérisoire (50 pounds). « Fuck off » aurait-elle répondu.


New Order (1985)

Le groupe de Peter Hook, Sumner et co a évidemment joué quantité de fois à l’Haçienda, ses quatre membres en étant actionnaires à part entière au même titre que Rob Gretton, leur manager. Un choix économique catastrophique a posteriori, qui engloutira quasiment toute le produit de leurs tournées et ventes de disques pendant dix ans. « C’est seulement des années plus tard que j’ai compris que c’est New Order qui payait pour tout ça, résumera Peter Hook dans le bouquin. Quelle bande de débiles on était. C’est facile de manipuler un musicien : donnez-lui de l’alcool gratuit et il dira oui à tout. »

Ci-dessous, une interprétation très rock de "Sunrise" en 1985, chanson extraite du merveilleux album Low-Life (même année). A noter l’iconique poteau de sécurité jaune-noir au milieu du public en délire, caractéristique de l’esthétique très warholienne de l’endroit.


The Stones Roses (1989)

En 1989 les Stones Roses, autre groupe mancunien, sont sur le toit du monde, ou au moins de l’Angleterre : leur premier album, The Stone Roses, est un carton absolu et leur vaut des concerts pleins à craquer dans tout le pays (27 000 personnes à Spike Island notamment, au beau milieu d’un champ). Ils n’y resteront pas longtemps, la faute à des divergences de vue intra-groupe et surtout à une gestion financière absolument catastrophique, là encore, de leur manager (ils ne toucheront quasiment rien sur les ventes de leur album).

Mais le 27 février le cœur est encore là, et les Stone Roses sont à l’Haçienda pour un concert capté par la TV de l’époque, flairant déjà le raz-de-marée qui s’annonce. 2 titres au programme : le hit psychédélique "I wanna be adored" et le beaucoup plus pop "Sugar Spun Sister".


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire