The Vaselines, cult band devant l'éternel (photo Stephen McRobbie) | |
Chaque pays a ses spécialités et ses inclinations spécifiques : la France produit du fromage et des chanteurs de variété, la Suisse de l’emmental et Stephan Eicher, et nos voisins belges l’essentiel du personnel radiophonique et comique français. Les Britanniques, eux, font du rock. A Londres les Clash et les Stones, à Liverpool les Beatles et Elvis Costello, à Sheffield Pulp et les Singes de l’Arctique, à Glasgow Belle et Sebastian, et à Manchester Joy Division, New Order, les Smiths et mille autres groupes cultes, semi-cultes ou quasi-anonymes bien sûr, soit autant de formations mythiques le plus souvent souterraines et « indie » (comprendre « indépendant », pour ceux qui n’avaient pas encore saisi le nom de ce site).
Dans la seconde moitié des années 80, l’indie-rock/pop anglais avait même un nom de code : C86. Explications : en 1986, le NME (New Musical Express, l’une des bibles de la presse musicale UK) décide de livrer dans son numéro de mai une cassette-compilation de 22 titres de groupes « indie » édités dans de petits labels locaux et alors très largement sous les radars : parmi eux la plupart le resteront, à quelques exceptions près. Le procédé sera ensuite détourné par des petits malins qui produiront, plus récemment et rétrospectivement, les suites C87, C88, C89, C90 et C91. On prend également.
La compilation que je vous propose, donc, est une petite sélection
succincte des dizaines et dizaines de titres et de groupes rock britanniques apparus
et disparus dans cette période étrange de l’histoire du rock, perdus quelque part
entre synth-pop et grunge – la plupart
partisans d’une jangle-pop remuante à petits riffs rapides, et précurseurs peu
remerciés d’une brit-pop 90’s elle ultra populaire (Blur, Oasis, Suede, Pulp,
etc). Certains atteindront, en guise de consolation, le statut de « cult
band » : pas mal d’Ecossais en particulier (The Pastels, The
Vaselines, Teenage Fanclub...), de Glasgow précisément, la capitale industrielle
de l’Ecosse représentant alors en Grande-Bretagne ce que Seattle incarnera plus
tard aux US (une ville excentrée et abandonnée de tous, où l’on peut faire du
rock indé tranquille sans les majors pour vous emmerder), avant de s’auto-détruire
avec le fracas qu’on sait. Idoles de Kurt Cobain, les Vaselines apparaitront d’ailleurs trois fois dans la discographie de Nirvana (deux reprises dans Incesticide, puis une autre
dans le live culte MTV Unplugged). D’autres groupes resteront à jamais dans les limbes.
En introduction, le formidable "Velocity Girl"
de Primal Scream, une bombe pop d’une minute et vingt-cinq secondes (!!!) qui est probablement sur cette Terre l'une des choses s'approchant le plus de la perfection. Dédié à Eddie Segwick, l’icône
new-yorkaise des sixties et ex d’Andy Warhol décédée trop jeune (28 ans). Et à l'autre bout, en piste 15, cinq minutes de guitares distordues d'un lyrique absolu - soit le bien nommé "Sensitive" par les londoniens de The Field Mice. Et entre les deux, des riffs et encore des riffs.
God save le Royaume-Uni.
La playlist (extraits, cliquez dessus pour accéder à l'intégrale sur Spotify)
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