Sept ans après leur arrivée fracassante sur la scène rock, Brian et Michael poursuivent leur quête de la chanson pop parfaite avec une quatrième galette qui pourrait être bien leur meilleur ouvrage. Immersion dans une symphonie vibrante, de bout en bout.
Ils avaient débarqué en 2016 sans coup férir, avec leur Do Hollywood bravache et ses chansons pop-rock mélodieuses et percutantes. Près d'une décennie plus tard, The Lemon Twigs ne sont peut-être pas devenus les sauveurs du rock que tout le monde attend vainement. Mieux que ça en fait - et leur dernier opus, le quatrième paru cet été, Everything Harmony, en est une éclatante démonstration - ce sont les meilleurs explorateurs actuels de la pop, la belle, la grande, celle façonnée par les génies collectifs, et parfois aussi fraternels, des Beatles, Beach Boys, Kinks et autres Big Star. Toutes ces figures modèles, on les retrouve bien sûr dans ce quatrième album, à commencer par le groupe d'Alex Chilton, parfaitement honoré par l'irrésistible "What You Were Doing". Oui, c'est vrai, dans la musique des Lemon Twigs, les influences s'entendent beaucoup mais elles sont tellement bien assumées, fusionnées et remises au goût du jour, grâce aux talents multiples de Brian et Michael D'Addario. Talents de mélodistes, de chanteurs (surtout l'aîné, Brian, dont la voix vous file des frissons au bout de deux secondes) et de producteurs aussi.
Pour autant, est-ce que quelque chose a changé depuis les premières notes de "I Want to Prove to You", morceau d'ouverture de Do Hollywood ? Eh bien, l'écriture s'est affinée, a mûri même. Là où "As Long As We're Together", toujours sur le premier disque, assumait totalement sa grandiloquence rock, les frères D'Addario ont clairement décidé de peaufiner leurs mélodies, de peser chaque note, chaque pont, chaque refrain. Sur ce plan, "Corner of My Eye" a de quoi éblouir, par exemple. Plus largement, il semble impossible de sortir un titre à la construction simple de ce Everything Harmony. Dans ce registre aussi, on peut citer "I Don't Belong to Me". Outre la démonstration vocale de Brian D'Addario, on pense ainsi à un autre groupe moderne qui a fait de la pop seventies son dada, les magnifiques Midlake. C'est peut-être le moment de dire aux allergiques à Steely Dan ou Todd Rundgren d'arrêter de lire cette chronique et d'éviter de s'infuser l'intégrale des Lemon Twigs.
Ils auraient bien tort pourtant, surtout qu'Everything Harmony se distingue également par la consistance de ces 13 chansons. Que ce soit "What Happens to a Heart" ou "Born to Be Lonely", cathédrales pop orchestrées de main de maître, on est touché pareillement au cœur. Ces arrangements soyeux, ces harmonies mémorables... Le titre de l'album ne ment pas. Un titre qui est aussi celui d'une chanson portée par des cordes à tomber par terre. S'améliorant décidément d'album en album (on fait partie de ceux qui ont une bonne estime de "Go to School", leur drôle de comédie musicale de 2018), on se demande bien quelles cimes les New-Yorkais peuvent désormais encore atteindre. En tout cas, ce qui est sûr lorsqu'on jette un œil sur leur trajectoire, c'est qu'à l'instar d'un MGMT - dans un registre beaucoup moins électro -, ils se sont clairement refusés à basculer dans le côté obscur de la pop. Et pour ça, aux uns comme aux autres, on leur en est fortement reconnaissant.
Bonus: Premier album conçu alors que les frères D'Addario étaient très jeunes, Do Hollywood sonne forcément moins élaboré que leurs dernières productions. Et pourtant, on reste encore imprégné par sa beauté, grâce notamment à ce "Frank" inoubliable. C'est quand même fou de composer un truc comme ça alors qu'on est à peine ado.
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