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lundi 2 octobre 2023

"Sea of mirrors": The Coral dégaine (encore) l'artillerie lourde

Sous couvert d'un album concept placé sous le signe du western, le groupe de James Skelly nous pond encore avec Sea of mirrors un magnifique disque rock intemporel, dont lui seul a le secret. Que demande le peuple?

Le plus grand groupe de rock anglais de ces 20 dernières années est de retour et il ne fait pas les choses à moitié. Deux ans à peine après un Coral Island (double album) dont on peine encore à se remettre, The Coral continue à creuser son propre sillon en s'essayant, cette fois avec Sea of mirrors, à la musique de western. Évidemment, avec les Liverpuldiens, il s'agit toujours d'un peu plus que cela, même si les voir plonger dans le genre magnifiquement mis en musique par Ennio Morricone n'a rien d'incongru lorsqu'on est familier de leur discographie. Morricone, la référence est d'emblée lâchée, nous voilà débarrassés. Alors, oui, on la retrouve dans l'album, à travers notamment le superbe "North Wind", la guitare trompétante de "Wild Bird" ou les chœurs de "Faraway Worlds" - la chanson, dans son ensemble, est un grand moment - mais elle ne résume en aucun cas un disque qui, une fois de plus, montre que The Coral se fiche des modes. Ce n'est pas un scoop, mais c'est toujours bien de le rappeler pour les non initiés.

Il est en effet fascinant de constater à quel point, dans une époque qui semble rejeter les guitares aux oubliettes, les Anglais se font un malin plaisir, album après album, d'en tirer toute la quintessence, qu'elles soient électriques ou acoustiques, d'ailleurs. Un instrument qui, sur Sea of mirrors, laisse aussi la place à la beauté de l'orchestration des cordes, que l'on doit à Sean O'Hagan, la tête pensante des High Llamas. L'épiphanie finale qu'est "Oceans apart" en est une parfaite démonstration. Et en même temps, tout en ouvrant une nouvelle voie dans son parcours, The Coral reste aussi fidèle à son berceau de naissance. Impossible, en effet, de ne pas penser non plus à Gerry and the Pacemakers, grand groupe de Liverpool des années 60, avec "North Wind" là encore ou même le joyau "Child of the Moon". Un joyau sur lequel James Skelly, le fantastique et historique chanteur, laisse une nouvelle fois la place à Paul Molloy aux vocals - ce fut le cas déjà pour "The Calico Girl" sur le précédent double album.

Aujourd'hui, The Coral a 20 ans (et un peu plus), a perdu (Bill Ryder-Jones, qu'on vénère) ou recruté (Paul Molloy) des membres essentiels mais semble déborder plus que jamais de vitalité, de créativité, d'inspiration. Et alors qu'on a adoré leurs débuts, et mis sur un piédestal la doublette Roots and Echoes (2007) - probablement l'indépassable chef-d'œuvre du groupe (avis personnel) - et Butterfly House (2010), on peut affirmer, sans trop s'avancer, que James Skelly and co traversent un nouvel âge d'or, entamé avec Coral Island. Oh bah tiens, on n'en avait pas encore parlé jusque-là mais en marge de Sea of mirrors, The Coral a sorti Holy Joe's Coral Island Medicine Show. Un deuxième album simultané qui vient compléter les 36 minutes de rêverie critiquées ci-dessus et qui fera forcément l'objet d'une prochaine chronique sur Indie Rock in Paris. On dit merci qui?

NB: Nous avons cité dans cette rubrique les rayonnants Gerry and the Pacemakers. On ne pouvait pas se quitter sans citer leur mythique tube, You'll never walk alone, devenu l'hymne du Liverpool FC. Walk on through the wind, walk on through the rain...

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