Jeff Tweedy bat le fer quand il est chaud, avec un nouvel album paru quatre mois à peine après le somptueux Cruel Country. Clairement, Cousin ne parvient pas sur la durée aux hauteurs de son prédécesseur mais un Wilco mineur reste malgré tout largement supérieur à la concurrence.
En tapant comme d'habitude le nom de Wilco dans la barre de recherche d'un célèbre moteur, on est tombé, avant même la traditionnelle page Wikipédia du groupe, sur une jeune société se présentant comme "accélérateur d'innovation". Pas de pub bien sûr.
Il y a de quoi sourire, car le groupe de Jeff Tweedy - qu'il ne nous en tienne pas rigueur - n'est pas vraiment un spécialiste de l'innovation. Par contre, on préférerait parler d'"accélérateur d'émotions". En parlant justement d'accélération, voici venir donc un nouvel album studio, Cousin, sorti en septembre, soit quatre mois à peine après Cruel Country. Pouvait-on décemment s'attendre au même éblouissement que celui provoqué par ce dernier en mai, dont nous avons déjà vanté tous les mérites sur ce blog, dans une précédente chronique? Évidemment que non et heureusement, aussi, que son leader est finalement humain. Disons-le tout de go: Cousin est un disque mineur dans la discographie exceptionnelle de Wilco. En posant d'emblée ce postulat, on maintient néanmoins que ce nouvel opus mérite d'être écouté, ne serait-ce que pour les quelques pépites qu'il contient.
Contrairement à ce que semble indiquer le titre d'ouverture "Infinite surprise", on n'est pas vraiment surpris par ce qu'on entend dès les premières notes. "Ten dead", la suite, nous fait penser à un morceau de Yankee Hotel Foxtrot, la grâce en moins. La mélodie est pourtant là, mais pas le choc émotionnel. En même temps, à force de nous habituer à nous pourfendre le cœur, Jeff Tweedy doit bien se douter qu'il ne peut pas y parvenir à tous les coups. Pourtant, le début de "Levee", lui, nous emporte. "Save me, save me again. Make me, make me lose you and then...". Cette boucle entêtante autour d'une relation oscillant entre le très haut et le très bas ne nous lâche pas une seconde, comme les meilleures chansons de Wilco. Autre moment de grâce, un peu plus loin, avec "A bowl and a pudding". On notera que ce morceau a en commun avec "Levee" ce côté ritournelle qui donne l'impression de ne jamais s'arrêter, auquel vient se greffer une discrète montée en puissance. La mélodie est à pleurer, Tweedy chante superbement, rien à jeter. Un must. De même, on adore Pittsburgh - la chanson hein, pas la ville, on n'y est jamais allé -, une balade dont seul Wilco a le secret.
En jetant un coup d'œil aux critiques ici et là sur la toile, comme on dit dans les milieux autorisés, on constate que la principale nouveauté de Cousin, à savoir la production de Cate Le Bon, ne laisse pas une trace impérissable. C'est assez vrai. Non pas que ce soit inécoutable, mais si nous avons autant vibré avec Summerteeth, Yankee Hotel Foxtrot ou A ghost is born, c'est aussi parce que nous avions été emportés par un son chaleureux, frissonnant, que nous ne retrouvons pas vraiment aussi. Ici, cela sonne parfois un peu trop propre, neutre. Dans le même temps, l'écriture un peu moins brillante de Tweedy sur ce disque n'aide pas non plus à le transcender. Alors quoi! Un fan transi du groupe de Chicago qui le critique sans ménagement? Blasphème! On se calme, tout va bien. Wilco nous a amenés précédemment à de tels cimes que nous sommes en droit de simplement apprécier un retour sur terre. Les sommets de Cousin, eux, sont fidèles à sa légende.
Bonus: Pour expliciter notre comparaison en matière de production avec les grandes œuvres passées de Wilco, voici "Hummingbird", cinquième titre du magnifique A ghost is born. Son côté plus brut, moins policé nous plaît particulièrement. Et on ne parle pas de la mélodie, de la construction de la chanson, du chant de Tweedy...
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