Comme si Sea of mirrors ne suffisait pas, la troupe de James Skelly tue le game du rock indé, comme disent les jeunes, avec ce second album sorti en même temps, au début de l'automne. Avec un nom à rallonge, certes, mais surtout des chansons qui brillent une nouvelle fois au firmament. La classe internationale.
A force, on ne finit par ne plus trouver de superlatifs pour décrire la musique de The Coral. Époustouflés que nous avons été à l'écoute déjà de Sea of mirrors - l'album qui accompagne Holy Joe's Coral Island Medicine Show, chroniqué ici même il y a quelques semaines en arrière et assurément l'une des meilleures galettes du groupe de Liverpool -, nous avons dû nous rendre de nouveau à l'évidence avec ce second disque automnal: ces lads n'ont pas d'équivalent sur la scène rock actuelle. Dans notre précédente chronique, nous insistions sur le fait que The Coral, renforcé par Paul Molloy, transfuge des Zutons, groupe... de Liverpool, traversait un nouvel âge d'or, similaire à la période bénie Roots and echoes / Butterfly house (On vous rassure, on ne va pas écrire le même texte). On peut penser légitimement que ce sont aussi dans les albums secondaires, les moins attendus ou scrutés, que la grandeur d'un artiste éclate encore plus. Non pas que Holy Joe's... est supérieur à Sea of mirrors, mais il vient le compléter parfaitement.
Paradoxalement, Holy Joe's Coral Island Medicine Show, dont la jaquette est à la hauteur du contenu, a plus à avoir avec son prédécesseur, le double album Coral Island, que Sea of mirrors. Grand bien nous fasse. Certes, déjà sur un plan formel, il y a ces intermèdes parlés par le grand-père des frères Skelly. Mais surtout, il y a les chansons, qui étaient déjà fantastiques sur l'opus sorti en 2021. Par où commencer? "The Sinner", forcément, avec cette ritournelle folk sublime, accompagné de chœurs non moins superbes. Évidemment, James Skelly nous emporte avec son interprétation et sa voix magnifiques. On peut ensuite enchaîner dans la même veine avec "The road is calling", dont le pouvoir d'attraction est sans appel, "Long drive to the city", balade country irrésistible, ou encore le réjouissant "Baby face Nelson", interprété par Paul Molloy. C'est peut-être aussi le moment de rappeler qu'en termes de production, les petits gars de The Coral savent se poser là.
Avec cet album publié en seconde lame, impossible aussi de ne pas penser à The Curse of Love (2014), assurant la transition entre le joyau Butterfly house (2010) et le nouveau départ Distance inbetween (2016). Lui aussi était composé de ce qui pouvait apparaître de prime abord comme de simples chutes de studio mais qui se révélait être une matière première de tout premier ordre. The Coral maîtrise sur le bout des doigts l'essence même de la musique, à savoir la mélodie qui tue. Aujourd'hui, c'est bien simple: même s'ils figurent désormais parmi les "dinosaures", James Skelly et ses camarades n'ont pas d'égal en Grande-Bretagne ou ailleurs. Aucun nouveau venu depuis 20 ans n'a produit une œuvre à l'hauteur des plus grands disques de The Coral. Les Arctic Monkeys? Talentueux certes, mais on ne leur voit qu'un seul grand album (Humbug pour ceux qui demanderaient). A nos yeux, il n'y aurait qu'un seul rival susceptible de leur contester la couronne. Les Libertines de Pete Doherty, à ceci près que ces derniers ont trop peu écrit en comparaison. Au fait, l'ami Doherty, dans une récente interview au NME, confiait toute son admiration pour James Skelly, son talent et son moteur, qui est d'écrire "de belles chansons". Les grands reconnaissent les grands.
BONUS : On vous en avait déjà parlé lors de la critique de Sea of mirrors, mais cette fois, on vous la partage en vidéo, car c'est vraiment une chanson pop comme on les chérit. "The Calico girl", chanté par... Paul Molloy, nous rend Coral Island encore plus précieux.
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