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samedi 4 novembre 2023

Vus en live : Bdrmm

 

Bdrmm, le 3 novembre 2023 au Point Éphémère

Déluge de guitares hier soir au Point Éphémère en compagnie des Anglais de Bdrmm (prononcer « bedroom »), nouveaux rois de la shoegaze outre-Manche et de ce côté aussi. Venus là pour écraser les cordes et les snares en toute sérénité et avec le volume au maximum, les quatre potes de Hull offrent à la foule conquise d’avance – le concert est « sold out » depuis des mois, preuve de leur hype croissante dans le milieu – une heure trente de grande intensité.

Intros planantes puis tapageuses, murs de guitare/basse multiples, ponts interminables, les quatre compères ne sont clairement pas venus là pour jouer au bridge. Après tout ce sont quatre gars « du Nord de l’Angleterre » comme ils aiment souvent à le rappeler en interview ou en live, y compris ce soir… Dans ces contrées-là on ne s’embarrasse de fioritures. L’air est froid, la nuit tombe tôt. On se réchauffe avec les moyens du bord. Et puis la guerre, dont le spectre est toujours là… Le Mur. Bref du riff, du riff, du riff, voilà tout ce qu’on aura ce soir, et avec le plus de distorsion possible en prime. Mérite-t-on autre chose en même temps, nous autres Sudistes avachis et amollis par la paix et le confort ? Certainement pas.

Au menu, d’abord et presque dans l'ordre, les trois singles de leur dernier album ("Be Careful", "A Bit of Blood", "Pulling Stitches"), récent opus qui sera logiquement joué en grande partie… Il ne contient que 8 titres il est vrai. L’atmosphère est chargée d’entrée, successivement planante voire contemplative puis soudain étouffante - basse physique, opprimante, coups de griffe de guitare dans tous les sens. Un rugissement. Dream-pop et shoegaze - les deux qualificatifs qu'on leur accole le plus volontiers - Bdrmm semble décidément toujours hésiter toujours entre ces deux pôles. Harmonie et chaos. Le bruit, ou la saturation, l’emporte puis reflue, soudain couvert par la petite voix étonnamment fluette de Ryan Smith, qui nous murmure des choses pas très claires en VO comme en VF, mais poétiques semble-t-il. On le devine à cheval entre deux mondes... Nord et Sud.

La recette ne variera pas, ou peu, le reste du set. Rêverie, explosion, rêverie, explosion, l'alternance se répète et nous parle sans difficultés. Schéma habituel de la vie. Plus tard leurs premiers hits pré-Covid refont surface aussi, notamment le jubilatoire "Happy" avec ses arpèges de guitare imparables et sa rythmique massive (album Bedroom, 2020). Idem pour "Gush". A chaque fois les instruments sont mis à contribution, lourdement. Les corps aussi. Vision de colonnes vertébrales quasi à l’horizontale parfois, d’un homme à casquette finissant à terre (l’incroyable Joe Vickers, guitare et center stage). Personne ne le relève. Ainsi va la vie dans le Nord : chacun pour soi et Dieu pour personne. La jungle originelle.

Une confusion visuelle et sonore encore renforcée par l’organisation spatiale du groupe d’ailleurs, peu conventionnelle : Ryan Smith (leader, chanteur et guitariste lead) est un peu excentré sur la gauche, cumulant guitare, clavier et chant tandis que la section guitares (basse et rythmique) occupe le centre de la scène et part régulièrement dans des batailles de power chords mémorables la tête en bas et les amplis au supplice - le tout finissant quasi systématiquement dans une espèce de transe... Joe Vickers et Jordan Smith (basse) vont et viennent et gesticulent dans leur trois mètres carrés comme habités par l'instrument, les bras inlassablement en cadence. Un show dans le show : gros son au centre, mélodie en bordure. Ça se défend.

Une configuration, par ailleurs, et pour l’anecdote, pas forcément idéale pour observer l’ensemble… Certains placés à gauche toute (suivez mon regard) n’apercevront ainsi de Ryan Smith qu’un doigt ou un bout de sneaker de tout le concert. Maudit poteau, maudite scéno. A défaut de vue le son est bien là heureusement, obsédant. Et le batteur ? (Connor Murray). Bien entendu mais pas vu. Classique.

Le show touche à sa fin vers les 23 heures, après une ultime pétarade de guitares et de grosse caisse. Avant cela Ryan Smith aura été enlacer brièvement ses compères, visiblement satisfait de la soirée - ému même peut-être ? Rien n'est interdit. Ils sortent ensuite de scène, sans artifices.

Et le rappel alors ? Pas de rappel bien sûr. On ne fait pas ça dans le Nord.

 

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