Nabihah Iqbal au Point Ephémère, le 19 novembre 2023 |
Petit triomphe pour Nabihah Iqbal hier soir au Point Ephémère. Suite et fin d’une escapade française de 3 dates au sein de sa tournée européenne (Bordeaux et Tours avant nous), c’est aussi la première date parisienne ever de la pourtant déjà aguerrie Londonienne, étrangement. Car Nabihah Iqbal ce n’est pas seulement deux albums – dont le dernier très bien noté, Dreamer – mais aussi une activité parallèle de DJ assez cotée, animatrice radio, écrivaine, commissaire d’exposition éphémère… Une femme du monde dans une ville monde (London).
Petite confession : on allait pourtant à ce concert légèrement, très légèrement à reculons parce que bon, dimanche soir, et puis il est vrai aussi que si "The World Couldn’t See Us" est un de nos titres préférés de l’année (une vraie beauté) l’album Dreamer dans son intégralité nous a un peu moins séduit par moments pour différentes raisons – ça arrive. Mais on voulait voir ça tout de même… Ne jamais préjuger.
Alors déception ? Non. Car d’emblée, comme souvent, on comprend que le live va créer ce soir sa logique propre, loin du travail en studio : parfois contemplative sur disque, définitivement dreamer, Nabihah Iqbal et son band (guitare/synthé, basse et batterie) se révèlent une machine sonore tout à fait massive et intéressante… Porté évidemment par une grosse section rythmique – le base pour une Londonienne biberonnée à la drum n bass – l’ensemble nous immerge pendant 90 bonnes minutes dans un captivant mélange d’électro, de dream-pop et de drum n bass donc, difficile à décrire en quelques mots mais immédiatement saisissable en personne. Les rythmes sont clairs, percutants, les mélodies surplombantes et les parties instrumentales légion et au centre de tout cela Nabihah Iqbal introduit parfois sa belle voix ténébreuse pleine de réverb à mi-chemin entre le chant et le spoken word… Une expérience assez new age, encore augmentée par l’accoutrement de ladite prêtresse ce soir – veste façon boule à facettes et traditionnel béret noir sur la tête. C’est un trip.
"Dreamer", chanson titre de son dernier opus et bel exemple de psychédélisme, est quasiment jouée d’entrée. "The World Couldn’t See Us" suit immédiatement après. Petite ovation dans le public, conquis d’un bout à l’autre. Une chanson inspirée par un livre de Thomas Hardy nous explique-t-elle en introduction – pas le plus gai de tous semble-t-il – dans un de ses nombreux intermèdes qui feront aussi le sel de cette soirée. Nabihah aime parler, c’est un fait, et elle a des choses intéressantes à dire en outre, ce qui ne gâche rien. On apprendra ainsi également que "Gentle Heart" est un hommage à la vie londonienne de ses jeunes années (les longues journées d’été à flâner avec les amis, les retours de soirée en vélo à 4 heures le long de la Tamise, etc.) et "Closer Lover" un clin d’œil à une déchirante lettre d’amour du grand poète anglais John Keats juste avant de mourir… Il avait 25 ans, elle en a déjà 35. Elle nous parle aussi de sa passion pour les « pains au chocolat », que nos amis bordelais n’ont pas tellement apprécié à ce qu’il paraît… Chocolatine lui a-t-on rétorqué. Rires.
Rayon setlist, moins de surprises : à fin d’efficacité la quasi-totalité de Dreamer est jouée ce soir, agrémentée d’une seule chanson de son premier album ("Zone 1 to 6000", une autre ode à Londres très saluée), et de deux reprises en fin de concert mais lesquelles… Un titre des Deftones d’abord ("Be Quiet and Drive") puis surtout "A Forest" en rappel, sommet musical des vétérans post-punk de The Cure. La basse électrise la salle, la voix de Nabihah aussi. Reprise réussie.
Elle nous quitte quelque temps plus tard, puis revient gérer le stand de merch avec son époux, malheureusement complètement dépouillé ce soir… Plus de t-shirt, plus de taille M. C’était un succès.
Extrait - "Dreamer"
Plus de vidéos sur la chaine YouTube.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire