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mardi 21 novembre 2023

Vues en live : Girl Ray

Girl Ray à la Boule Noire, le 20 novembre 2023
 

La répartition des richesses et des quantités humaines est un mystère… La preuve ? Lundi soir, Paris, 20h58 : la Boule Noire, loin d’être pleine à l’heure où les trois Londoniennes de Girl s’apprêtent pourtant à entrer sur scène. Leur fait d’armes récents ? Un des meilleurs albums de l’année 2023, sans conteste : Prestige, une petite bombinette pop bien nommée dont le joli logo rouge rétro orne le mur du fond ce soir, et qui a ressuscité pour tous les heureux fans qui le veulent les meilleurs beats disco-pop des années 80 à aujourd’hui. Vibrant, fun, simplement irrésistible. Madonna, elle, remplit Bercy ce soir-là. Phénomène compréhensible bien sûr, quoique, tout de même. De quand date le dernier album de madame Ciccone exactement ? Vous n’en savez rien évidemment. Ah. 

Passons. 21 heures : Poppy Hankin, Sophie Moss et Iris McConnell débarquent joyeusement sur scène, accompagnés de leur extra du moment – un musicien dont je n’ai pas retenu ni pu retrouver le nom d’état civil hélas, à la guitare et au synthé. Une présence pas anecdotique : tout au long du show il nous gratifiera de quelques riffs funky bien sentis à la Chic, une des marques de fabrique de cet excellent album récemment sorti, Prestige – en ai-je déjà parlé ? J’en doute. Avant cela l’homme au nom inconnu avait aussi assuré la première partie, sous le pseudonyme de Heavenly Body. Un garçon à tout faire.

Et quel show ce fut… La musique de Girl Ray, surtout depuis leur second opus (Girl) et de manière radicale depuis Prestige, est une véritable machine à dancer ou au moins remuer une ou deux épaules en cadence sans la possibilité de s'en empêcher. Un cocktail savamment girly puisé dans le répertoire disco-pop queer des années 80 nous disent les communiqués de presse, et qui nous emporte tellement qu’on pourrait légitimement se poser la question : mais franchement les filles, en vérité, n’est-ce-pas un peu trop facile tout cela ? La réponse est non, mille fois non. Stop thinking and listen to the beat.

Le récital débute donc par "True Love" – quoi d’autre – et d’emblée le tableau sonore est posé : si le chant et les petits riffs de guitare partent de la gauche (Poppy Hankin et Mr. Body), c’est à droite que tout repose vraiment avec cette formidable section rythmique made in United Kingdom – Sophie Moss à la basse d’une part, constamment en mouvement sur ses jambes de gauche à droite et de droite à gauche et rythmant le set de son petit jeu reggae/dub tout en chaloupé, Iris McConnell aux drums de l’autre, à la fois métronome et funky dans ses choix d’enchainements de bâtons. Le temps de poser un peu les choses, et un premier temps fort arrive avec l’enchainement de "Everybody’s Saying That" et "Hold Tight", deux des quelques singles de Prestige. Poppy Hankin, au micro, pousse la chansonnette pendant que le trio derrière elle déroule et transforme la salle en disco-club, semblant faire pousser des boules à facette un peu partout sur les murs. Bidoum bidam fait la basse, pimp pam poum les drums… Le rythme, le rythme, le rythme ! Il n’y a que ça.

Petite redescente, et second temps fort : "Up" et "Tell Me" cette fois (toujours Prestige). La seconde, particulièrement réussie ce soir, est un déferlement de joie et de lâchés de cymbale (allez voir). Tell me, is this what’s is gonna be… Yes, please. Iris M. est un peu cachée sur les vidéos et c’est un tort : ce qu’elle fait derrière son kit de batterie est divin. Sophie M. continue de se balancer de droite à gauche, de gauche à droite... C’est très réconfortant. Arrive la reprise de la soirée : le grand hit "Missing" d’un autre groupe londonien fameux (Everything But the Girl). La comparaison vocale est un peu difficile – Tracey Thorn chante très haut et ça n’est pas facile facile de faire de même – mais pour le reste aucun souci : la drum and bass londonienne des années 90, Girl Ray sait faire aussi. Vous ai-je dit qu’elles assuraient sur ces deux instruments ? Je ne crois pas. "Love is Enough" conclut l’avant-rappel juste après cela, assez naturellement après l’opener… Beaucoup de love ce soir.

Et ce n’est pas fini évidemment. Elles reviennent pour "Trouble" d’abord (premier album, Earl Grey), et surtout pour l’immense "Give Me Your Love", une petite déflagration électro-pop assez aytpique concluant Prestige – mais déjà sorti en single deux ans plus tôt en réalité. Ce titre est une folie, sans basse cette fois mais avec deux synthés et surtout portée par la superbe prestation d’Iris McConnell derrière les drums, point central de ce titre et d’ailleurs seule nimbée d’un petit halo rouge en fin de chanson alors que le reste du groupe est plongé dans une quasi-obscurité… Poppy H. s’essaie elle au vocoder entre deux éclats de cymbales, la voix soudain robotique. Give me your love, love, love… On est dans du Daft Punk dernière période et c’est un peu régressif certes mais c’est bon, extrêmement bon. I know that it is right, but it still hurts… Every single time… On étirerait bien ça sur 10 minutes mais cela durera un peu moins que ça malheureusement. 5 minutes 12 à mon chrono. « Thank you so much ! » conclut finalement Poppy. Petit vague à l’âme.

Sur le chemin du retour, boules à facette dans la tête et mémorables lignes de basse et de batterie. Difficile de ne pas bouger la tête par réflexe quand les portes du métro s’ouvrent, se referment… Le rythme, toujours le rythme.

J’ai récupéré la setlist du concert, quelques minutes après la fin. Un beau souvenir.

 

Extrait : "Give Me Your Love"

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