Le groupe CIEL (photo personnelle) |
Au Supersonic, le 11 février 2024
CIEL (grunge-pop, Brighton, UK)
On a beau le savoir théoriquement, le fait qu'un brave trio basse-guitare-batterie puisse faire autant de vacarme qu'un orchestre symphonique entier est toujours une surprise, et toujours aussi jouissive. Rajoutez à cela un sens de la mélodie certain et presque enfantin - c'est un compliment - plus déjà quelques tubes très vitaminés et vous obtenez CIEL, un savoureux trio britannique de Brighton comme son nom ne l'indique pas (et bien que sa chanteuse, Michelle Hindriks, soit néerlandaise). Autre inattendu : sa line-up, très récemment chamboulée par le départ du guitariste Jorge Bela Jimenez, remplacé au pied levé par Ruby Taylor, déjà musicienne sous le nom de Yumi and the Weather et dont l'avenir dans ce groupe n'est pas très clair à ce stade (là juste pour la tournée ou à plus long terme ? l'avenir le dira). Tim Spencer (drums) complète l'ensemble.
Éphémère ou pas, l'alchimie de ce tout nouveau trio est indubitable en tout cas, et pas seulement parce que Michelle Hindriks et Ruby Taylor sont toutes deux vêtues selon les parfaits canons de la mode grunge chic "des années 90" (petite robe girly et grosses boots noires) et ressemblent furieusement à un tribute band de Hole ou Lush. Leur répertoire est déjà plus que respectable en outre, bardé d'une bonne demi-douzaine de bombinettes grunge-pop toutes faites de petites mélodies pop toutes mignonnes noyées sous d'énormes masses de guitare-boum-boum distordues : c'est classique, peu innovant et pourtant immédiatement addictif. L'équivalent d'un bonbon à la fraise enrobé dans du caramel à l'absinthe, un peu comme l'idée de la pop "bubblegum" que se faisait Mark Lanegan dans son fameux LP du même nom. En rose et noir...
Tout ça se développe à merveille sur scène donc, sans nuances instrumentales particulières et avec des décibels poussés parfaitement à la limite du maximum, mais sans excès. C'est entraînant, c'est lourd, c'est attirant. Le public adhère tout de suite, le trio comprend, lui en redonne, il apprécie, le cercle est vertueux, tout le monde est heureux... Quelques pépites émergent bien sûr de la cohue, déjà connus des navigateurs de l'Internet : "Make It Better" notamment, une euphorie complète, "Baby Don't You Know", une ballade pastichant parfaitement le genre ou "Circles", un extrait de leur tout dernier EP qui enflamme tout de suite la salle (cf. ci-dessous). A écouter aussi, si vous avez le temps : "Shut Out my Body" ou "Somebody". Tout cela est très entêtant.
Que dire de plus ? On souhaite à cette line-up de perdurer et de continuer son travail de grungisation de la pop, et à très bientôt pour un premier LP ? Il faudra revenir le présenter à Paris du coup.
S.O.R.O.R (post-punk/trip-hop, Bruxelles)
Première partie de CIEL, vue seulement en partie hélas à cause d'une arrivée tardive. Un groupe qui semble naviguer entre les styles avec une aisance intéressante, aussi versé dans le gros post-punk saturé de guitares que les envolées plus drum and bass ou même funky à la Madchester - désolé pour tous les clichés, je manque de références. Au micro Alice Ably, une vocaliste qui ne fait que ça et le fait bien, quoiqu'elle abandonne parfois le mic pour aller se joindre à la troupe et défoncer un gros tambour derrière elle ; le groupe (Sophie à la basse, Théo aux drums et Thibaut à la guitare + synthés) s'envole alors en général vers de belles montées sonores définitivement post-punk et très atmosphériques. Un exemple ci-dessous, après une montée très progressive (titre : "Wash Your Hands")
En fan irréductible de New Order, je ne peux par ailleurs que valider l'usage épisodique et raisonné du synthé, qui embarque certains titres dans un beau bordel électro-rock. C'est original tout ça et cela donne envie d'en savoir plus. Ça tombe bien, un premier album long est déjà sorti parait-il (New Born, 2023). Ça mérite une écoute.
Plus d'extraits de la soirée sur ma chaine YouTube
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