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jeudi 18 mai 2023

Vue en live : Lael Neale (17/5/23)

 

Lael Neale, live à La Boule Noire

Deux semaines après Fenne Lily, une autre Anglo-saxonne de talent était des nôtres ce mercredi soir, prise dans une tournée en sens inverse cette fois – débutée quelques semaines plus tôt aux États-Unis, pour finalement franchir l’Atlantique et débarquer en Grande-Bretagne. Première date sur l’Europe continentale ce soir donc, et à Paris qui plus est, une ville pour laquelle Lael Neale semble avoir une forme de fascination arty assez courante dans sa corporation : « you are in the place to be, in the place to be » nous déclare-t-elle d’emblée, admiratrice de l’endroit (La Boule Noire) à l’intérieur de l’endroit (Paris). Discutable sans doute, mais soit.

C’est peu dire qu’elle était attendue de notre part : Star Eaters Delight, son troisième album sorti il y a un peu plus d’un mois maintenant, est un vrai petit délice de pop-folk baroque et envoutante, taillée pour les longues nuits d’insomnie et les soirées à contempler les étoiles (cf. ma chronique). Je ne peux que vous inciter à vérifier par vous-même.

Et elle est là désormais, devant nous. D’emblée, elle nous apparaît comme une bonne réplique de ce personnage assez curieux et fascinant que l’on devinait derrière ses quelques clips et apparitions photographiées : resplendissante d’un certain côté, toute de noir et de léger brillant vêtue, comme un peu gênée de l’autre par l’attention du public, pas totalement encore à l’aise dans son personnage public de prêtresse folk ensorcelante semble-t-il. Plutôt rassurant finalement.

Côté instruments, elle campe tout d’abord derrière son fidèle omnichord, curieux engin musical de la taille d’une plaque chauffante électrique ressemblant davantage à un jouet pour enfants, et qu’elle manie délicatement des doigts en tournoyant comme si elle commandait une sorte de matériel radio pour communications extraterrestres. Un peu lunaire nous apparait-elle, décidément. Guy Blakeslee, son acolyte de live et producteur, l’accompagne lui au synthé à la guitare, discret mais solide.

Autre conclusion définitive faite d’entrée, alors qu’elle entame "Acquainted With Night", morceau titre de son second album : sa voix, stupéfiante. Pas de re-traitements de studio ici, ni de fausses notes ou de petite déception. Lael Neale monte régulièrement dans des notes proprement insensées, tenant toute la salle en haleine de son timbre si perçant, et sans effort apparent (ce n’est sans doute pas le cas). De quoi presque faire frémir les vitres par instants.

Ça y est, Lael Neale nous a pris dans ses filets. Nous l’écoutons religieusement, comme à la messe. Une cérémonie un peu new age bien sûr, tenant plus d’une forme de paranormal hippie réactualisé que des spiritualités traditionnelles. Elle n’en abuse pas heureusement.

Plus prosaïquement, le show s’oriente ensuite vers une succession assez attendue de temps folk et plus pop, mouvement de balancier efficace installé dès les 3 premiers titres : "Acquainted With Night" d’abord donc, puis le joli "Every Star Shivers In the Dark" (même album), ballade folk rehaussée ce soir d’une excellente boîte à rythmes plutôt très entêtante qui ferait presque passer le tout pour du New Order période "Thieves Like Us"… (pardon). Et puis soudain, logiquement, surgit "I Am The River", premier single de Star Eaters Delight et petite perle de dark-pop à la Velvet Underground qui secoue sérieusement la salle, polie jusque-là : Lael se déhanche elle aussi, timidement, sur scène, tanguant légèrement au son de la guitare de Guy Blakeslee qui part bientôt dans un solo de guitare proprement endiablant produisant quantité d'exclamations et applaudissements bien mérités. La soirée est lancée.

La suite sera tout aussi agréable dans l'ensemble, bien qu’un peu courte peut-être (dans les 55 minutes) : Lael reste quelques instants à l’omnichord, parcourant certains temps forts de son dernier opus ("Faster than the Medecine", "If I Had No Wings"), avant de finalement passer à la guitare, qu’elle gratte assez sobrement la main nue dans la plus pure tradition country-folk. Elle finira d’ailleurs en solo, Blakeslee-free, sur une petite reprise acoustique de Burt Bacharach, grand songwriter américain disparu récemment ("Don’t Make Over Me"). Puis court rappel, sur l’assez ténébreuse "How Far Is It to the Grave", qu’elle prend bien soin de présenter comme ce qu’elle est (une chanson sur la perspective de la tombe), elle qu'on sait amatrice de longues promenades solitaires dans les cimetières… On l’écoute en silence.

La soirée se termine comme ça, presqu’un peu maladroitement. La prochaine fois on exigera un rappel de plus. Elle nous le doit.

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Quelques extraits

"I am The River", hit bourdonnant et entêtant. Il manque le solo très réussi de Guy Blakeslee en fin de performance (désolé)


"Faster Than the Medecine", un peu sur le même modèle. Lael parcoure son public d'un œil aussi méfiant qu'entraînant... Curieux phénomène. 


"No Holds Barred", petit joyau folk-rock à la sixties, recommencée une seconde fois après un léger souci technique... Ce qui nous vaudra un sourire.


"Return to Me Now", occasion de constater le degré de pureté vocale assez épatant de la performeuse. Il y a du talent.

 

Prochain live... Alvvays le 4 juin !!

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