Photo : Kike Rincon pour El Pais |
Contexte : New Order se produisait à Barcelone hier soir, dans le cadre du festival Primavera Sound. L'événement était pour l'occasion retransmis en direct (ou presque) sur Twitch et Amazon Prime. Vous pouvez retrouver le replay complet sous ce lien.
Il est près d’une heure du matin lorsque New Order apparait sur la scène de Barcelone hier soir, et sur nos écrans : la fatigue est là mais l’excitation aussi, mêlées dans un cocktail confus. Jamais vu New Order en live alors peut-on dire que cela compte ? Non pas vraiment, certes, d’autant que la diffusion est en léger différé… Mieux que rien dira-on.
Débuts un peu poussifs : Barney (surnom de Bernard Sumner, le grand homme de ce siècle et du précédent) et ses quatre amis débutent avec la ballade "Regret", grand hit du début des 90’s, puis par le normalement très pêchu "Age of Consent", classique parmi les classiques, mais sans y apporter une grande énergie trouve-je – manque de punch ? La suite montrera que non. Quoiqu’il en soit, Barney préfère pour l’instant économiser sa voix et la jouer un peu bluesy, petit solo de guitare presque country-rock à l’appui pour clôturer le second titre. Bon, ça fonctionne en partie, ne serait-ce que par nostalgie.
Côté anecdotes, Barney passe comme d’ordinaire chaque début de titre à faire quinze mille signes du doigt à l’ingé-son du moment : plus fort, moins fort, un chouia plus haut, moins haut, juste un peu… on se demande bien ce qu’il veut. Lui seul le sait, dans sa Grandeur. Give us signs, Bernard.
Les choses décollent ensuite, peu à peu : avec "Academic" d’abord, ballade rock récente (2015) livrée de façon impeccable, puis surtout avec le légendaire "Your Silent Face", vieux de 40 ans cette année mais toujours étrangement émouvant avec son majestueux synthé cristallin à la Kraftwerk. Ça y est, c’est certain : le groupe le plus créatif et jouissif du dernier demi-siècle est bien là devant nous, sur notre TV Samsung un peu passée. Gillian rayonne au clavier, toute de blanc vêtue, Barney nous gratifie d’un solo de melodica mémorable, Stephen s’affaire aux drums, tout va bien. Petite ligne de basse ultra mélodieuse typiquement hookienne pour finir, sans Peter Hook malheureusement… On pense à lui.
Après un petit intermède joyeux et ludique ("Be A Rebel", leur dernier single en date), l’événement s’emballe ensuite carrément : arrivée du massif "Subculture" (album Low-Life, chef d’œuvre absolu de 1985) puis enchainement direct sur "Bizarre Love Triangle", son intro synthétique démoniaque et son lyrisme hors du monde… Les frissons ne sont pas loin sur le canapé. Ils sont là. Every time i see you falling… Il est à peu près une heure trente mais ces indications n’ont plus grand sens. « Thanks you very much, conclut Barney à l’issue du choc, it’s a good track… It’s very old… Which is unusual for us. » On se fout bien du temps qui passe Bernard.
La suite et fin passe en un soupir, ou à peine : les hits défilent maintenant les uns après les autres sans effort apparent, dans un mouvement mécanique assez stupéfiant. Comment un groupe, je dis bien un seul, peut avoir composer tout cela à la fois ? Ça ne fait pas sens. "Plastic", "True Faith", "Blue Monday". Il commence à se faire tard et on n’a plus tous les outils pour analyser. How does it feel ?… On ne sait pas bien à dire vrai. La performance s’étire en dim-dims et boum-boums harmonieux puis Barney, heureux et facétieux, apparait dans le dos de Gillian à la fin de "Blue Monday" et lui pique les dernières lignes de synthé. Faute ! Et puis "Temptation". Que dire ? C’est une excellente chanson aussi.
Et en guise de fin, à votre avis ? Oui évidemment. Love, love will tear us apart, again… Bonne (longue) nuit à Ian Curtis, et bonne nuit à tous les fans insomniaques de Manchester et d’ailleurs.
Prochaine rencontre : pour de vrai le 26 septembre, au Zénith de Paris.
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