PJ Harvey nous ensorcelle une fois de plus avec un album à l'atmosphère inclassable, qui prend le temps de délivrer ses multiples beautés. Il est loin, le temps du rock à guitares abrasives. Pour nous, ce n'est pas un problème.
D'abord, ces tutututu étranges, puis cette voix lancinante et intrigante, qui prend de l'ampleur au fur et à mesure du morceau. Clairement, avec le premier morceau de I inside the Old Year dying, Polly Jean Harvey nous met dans l'ambiance. Une ambiance fantomatique, folk d'une certaine manière mais pas dans le sens traditionnel du genre, loin de là. Dire que ça nous surprend de la part de la musicienne anglaise serait mentir mais à chaque écoute d'une nouvelle œuvre de sa part, il y a toujours cette sensation de mettre un pied dans un univers nouveau, différent. Elle nous avait ainsi fait le coup avec White Chalk (2007), dans lequel nous avions perdu pied avec délectation - on est encore sous le choc de Dear Darkness ou Grow grow grow, c'est vous dire. Avec les albums suivants, comme Let England shake (2011) ou The Hope six demolition project (2016), PJ Harvey nous avait ramené vers quelque chose de plus "classique", si tant est qu'on peut utiliser ce mot pour qualifier sa musique. Mais ne nous avait aucunement déçu, bien au contraire.
Avec ce nouveau tour de force, qui a mis tout de même du temps à maturer (sept ans) - bien que la dame est plutôt habituée à prendre son temps -, on retrouve ce qu'on adore chez PJ Harvey. 12 chansons conçues, pensées, vibrantes comme un seul bloc et dont la beauté prend tout son temps pour éclater, nous ensorceler. Ainsi, nous nous sommes repris à plusieurs écoutes pour être transportés par la magnifique ballade "Lwonesome Tonight". Idem pour les nuances de la chanson éponyme, qui se rapproche pourtant, aussi, de ce qu'elle a pu faire sur ses deux derniers disques. Reste que c'est bien cette atmosphère indéfinissable, sombre, qui finit par nous emporter. Le chant aérien, habité, parfois tribal de PJ Harvey ne fait que nous plonger dedans. Et puis, il y a ces mélodies tortueuses, uniques elles aussi, dont on ne parvient pas à s'échapper, là aussi, au fil des écoutes. C'est beau à en pleurer (vous n'avez qu'à écouter le diptyque "A Child's question, August" / "A Child's question, July" pour vous en convaincre).
Est-ce du rock, me direz-vous? Eh bien oui, plus que jamais! Déjà parce que la guitare électrique n'y est pas complètement absente. On adore justement son arrivée inattendue et mesurée sur le splendide "A Noiseless Noise", qui conclut le disque. Ensuite, parce que PJ Harvey est sortie depuis bien longtemps des codes du rock indépendant. Cela peut lui avoir valu de perdre certains de ses fans en route - encore que... - mais on peut imaginer que cela ne la travaille pas vraiment. A l'instar de Nick Cave - oui, la comparaison est facile, mais elle est aussi tellement parlante et juste -, madame Harvey continue d'explorer, de chercher, de surprendre, d'émouvoir. Sûrement, d'abord elle-même, mais aussi nous, par contagion. On n'oubliera pas de citer ses fidèles acolytes John Parrish et Flood, qui ont certainement contribué à faire de I inside the Old Year dying un must-listening. Façonner une telle œuvre après 30 ans de carrière, on a du mal à trouver les mots là....
Bonus: La découverte de cette merveille peut vous amener à vous replonger dans White Chalk. Et dans ce "Dear Darkness" époustouflant.
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