Entre mélodies à tomber par terre et une production aux petits oignons, le troisième album de la clique à Peter Hayes et Robert Levon Been est un chef-d'œuvre absolu de psyché-rock-country pop (si, si, ça existe). Halléluia!
Oh les margoulins ! Baptiser son troisième disque "Hurler" (Howl), après deux disques particulièrement bruyants, Black Rebel Motorcycle Club et Take them on, On your own, et signer une beauté pop-country-psychédélique, c'est pour le moins ironique. Entendons-nous bien: la troisième galette du BRMC (2005) est bien un disque de rock et on y retrouve les envolées guitaristiques du groupe, qui emportaient déjà tout sur leur passage sur un premier album splendide. Mais là, c'est comme si John Lennon et Johnny Cash avaient décidé ensemble de venir souffler dans l'oreille de Peter Hayes et Robert Levon Been. Un premier disque fantastique, un deuxième de confirmation et un troisième qui casse les codes: cette trajectoire nous fait penser à un autre groupe phare du début des années 2000, dont le nom commence par The. Quelle belle époque ce fut, d'ailleurs.
La chanson-titre, qui arrive en deuxième position, illustre bien en tout cas ce virage pop émerveillé totalement assumé. Et pourtant, il n'est pas si nouveau. Le tout premier album en était déjà pas mal imprégné - on pense aux sublimes Take my time/Rifles, Too Real ou Screaming gun - et le deuxième, un bonne pièce de rock brut et intense, le laisser percer à travers And I'm Aching et Suddenly. Non, ce qui est nouveau, c'est ce lâcher-prise total, couplé à une influence americana qui transpire de quasiment toutes les chansons. Ain't no easy way en est la plus belle illustration, avec ce rythme enlevé très country et un harmonica rugissant, qu'on retrouve sur Fault Line ou Complicated situation. Comme quoi, il n'y a pas que la guitare dans la vie (rock). Quant à Promise, c'est le piano qui se taille la part du lion sur cette ballade poignante, qui nous fait immanquablement penser au mari de Yoko Ono.
De ce Howl polymorphe et jouissif, il en émerge aussi, paradoxalement, une certaine sacralité, qu'on attribuera au moins en partie à la place accordée à la country par le BRMC. N'y-a-t-il pas d'ailleurs une Gospel song? Mais il n'y a pas de grand disque sans grande voix ou grand chanteur, et de ce côté-là, Peter Hayes, bien épaulé en cela par son compère Robert Levon Been, nous inflige quelques uppercuts inattendus. Cerise sur le gâteau, le diptyque final - Sympathetic noose et The Line - nous donne le coup de grâce émotionnel. Clairement, il n'est pas nécessaire de "hurler" pour que le rock se ravive de plus belle.
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