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| bar italia le 28/10/25, photo non contractuelle |
Mini évènement hier sur les hauteurs de Ménilmontant : Bar Italia (nom tout en minuscules normalement) est en tournée d’automne à la Maroquinerie, et c’est une surprise car le trio rock le plus cool et mutique du moment a les épaules pour la taille d’au-dessus désormais (Cigale en 2024, Élysée Montmartre en février prochain). Pourquoi ce choix osé en termes de revenus issus de la billetterie alors ? Choix artistique ou volonté de chiller ? Pour savoir il suffirait de leur demander bien sûr, mais ça… Bar Italia ne parle pas.
Rarement groupe aura reçu autant de considération du public
en donnant si peu, d’un point de vue purement verbal. Sur scène le dispositif du
trio londonien (quintet en live) est assez simple : jouer ses morceaux, se
taire, puis s’en aller. Bonsoir, merci. La presse spécialisée avait pourtant
fait état d’un soi-disant virage « rock et fun » de la petite bande
de South London via leur dernier album (Some Like It Hot) et c’est vrai que celui-ci démarre fort
avec le très jouissif et régressif "Fundraiser" mais rayon présence scénique la métamorphose est peu claire... Jauge toujours proche de zéro pour les sourires, pas mieux pour les adresses au public. No banter, no joy ou presque.
Un petit bonus à Jezmi Tarik Fehmi tout de même, pas plus loquace que les autres mais qui semble positivement s’amuser sur sa guitare et ça tombe bien, c’est notre préféré avec sa tignasse bouclée, ses lunettes et ses faux airs d’étudiant en lettres slash poète raté fan de Yeats. Nina Cristante sait mettre le feu au micro quant à elle, mais rentre dans son personnage de mannequin mutique dès que les guitares se taisent. Là sans être là. Pas d’ambiguïté avec l’ami Sam Fenton en revanche, qui ne desserrera pas la mâchoire de la soirée. Tant pis, ou tant mieux. On est là pour la musique.
De ce côté-là la performance était au rendez-vous, globalement. Trois temps au programme : départ de feu avec le fameux "Fundraiser" et de premiers petits pogos au milieu, suivi de quelques morceaux aussi punchy avant un long intermède plus posé, balades post-punk lancinantes au programme, éventuellement un peu enhardies de quelques guitares finales ("Jelsy", second album). Puis c’est le punk de post-punk qui reprend l’ascendant, pour une dernière partie éprouvante physiquement côté fosse : ça pogote gentiment de gauche à droite, ça bouge, ça braille, ça lève les bras vers Nina et on bien content de voir ça d’en haut parce que c’est beau un pogo, pour les autres. Sur scène Jezmi est au top de sa life sur sa guitare, écrasant les cordes penché sur le métal, et Nina remplit le rôle qui est le sien : harangueuse de foule, danseuse de la mort, joueuse. La batterie est très impliquée, aussi.
"Punkt" (premier album) est un sommet, sans surprises. C’est un hit, à leur échelle. La petite foule est hystérique pour certains, aux anges pour d’autres, Nina fend presque le public et la question de savoir si Bar Italia la joue mystérieux ou déteste juste les relations publiques n’est plus un sujet. Ils sont là et c’est un résultat en soi. Il y aura même un rappel, de trois titres. Ça n’est pas très bar italia ça, mais bon… On prend.
Fin de soirée. Quelques temps plus tard on croise Jezmi et Sam en train de ranger le matos dans le van : « fun gig » lâche-t-on, sans trop y croire. Sam ne tique pas. Jezmi hésite lui et tourne finalement la tête, une demi seconde : « thank you so much ». Sans passion, mais sans agressivité non plus. C’est pro. On vient de vivre le maximum de l’expérience sociale bar italia, sans nul doute.

