Par simple ordre alphabétique cette année (no ranking).
Bar Italia - Some Like It Hot
UK - Indie-rock, post-punk (Matador Records)
Pas mal de storytelling "l'album de la maturité" sur cet album qui serait fondamentalement plus rock et fun que les précédents sans qu'on comprenne trop pourquoi... Ça reste du bar italia première période pour moi, tantôt ténébreux tantôt revigorant et rarement inintéressant. La première face est de loin la plus immédiate il me semble, débutant avec un véritable banger ("Fundraiser") et maintenant la tension rock un poil arty tout du long. Face B plus calme, gagnant sans doute à être ré-ré-écoutée. Un groupe toujours spécial à voir en live par ailleurs (cf. ci-dessous).
Lire mon recap de leur live à la Maroquinerie
The Cords - The Cords
Ecosse - Indie-pop, jangle-pop (Skep Wax / Slumberland Records)
Un pur produit de la tradition indie-pop à carreaux de Glasgow, cf la longue tradition locale depuis Orange Juice, les Pastels, Belle and Sebastian et compagnie. Les deux (jeunes) sœurs Tedeschi n'enregistrent pas depuis longtemps mais ont décroché les olés de toute la petite scène indie-pop UK et US avec ce premier opus propre et énergique, déjà très maîtrisé, et bien dans la tradition "cute mais grungy sur les bords". "Fabulist" annonce la couleur d'entrée avec sa guitare jangle à toute vitesse, un peu répétitive mais tout de même entêtante, puis le reste suit avec d'autres très bons moments ("You", "Rather Not Say") et d'autres un peu plus dispensables... Affaire à suivre.
Failli les voir à Paris, mais passage au Paris Pop Fest' annulé hélas.
Flora Fishbach - Val Synth
France - Electro-pop, pop (Créature)
Retour atypique pour la plus new wave des chanteuses pop françaises : 3 ans après son deuxième LP très attendu (5 ans avaient passé suite au 1er) c'est un disque au format EP étonnant qu'elle nous balance à la face avec changement de labels et de méthodologie à la clé - plus de sorties rapprochées prévues désormais, et donc plus courtes et resserrées. Un album pour une idée, pour un son... Pari réussi avec ce 8 titres résolument électro-pop et long de 25 petites minutes dont 3 instrumentaux : c'est tour à tour contemplatif et furieusement dansant avec 3 gros singles inclus dont le déjà culte "Comme Jean Reno" (avec Jean Reno) et le très court mais sublime "Des Bêtises" (part II). La voix monte très haut, les synths sont partout, claquants ou reluisants et tout va bien pour Flora, toujours à part dans sa catégorie. Un prochain court LP devrait suivre en 2026/2027 alors vivement.
Elle sera au Zénith le 12 mars 2027 (c'est loin)
Hatchie - Liquorice
Australie - Dream-pop, indie-pop (Secretly Canadian)
Une jolie surprise de fin d'année. L'Australienne avait déjà 2 albums derrière elle, dont le précédent qui lui avait valu quelques pouces levés, mais vrai montée en puissance sur ce 3ème opus au son dream-pop 90's hyper classique et classieux : impossible de ne pas penser aux Cocteau Twins sur des titres comme "Carousel" ou "Anchor" avec cette guitare complètement distordue et néanmoins si harmonieuse à la Robin Guthrie (c'est une influence revendiquée d'ailleurs). Harriette Pilbeam n'a pas la voix d'Elizabath Frazer évidemment (qui l'a ?) mais ça ne l'empêche pas de nous offrir un très chouette album pour cet hiver 2025-2026, avec des tas d'effets sonores et quelques envolées plus pop à la clé ("Only One Laughing", "Stuck").
Horsegirl - Phonetics
US - Indie-pop, indie-rock (Matador Records)
Un disque qui s'affine avec le temps. Le trio de Chicago était plus catégorisé post-punk à la base mais prend des accents plus indie-pop et vintage avec ce second LP, produit par la très demandée Cate Le Bon. C'est plus calme, lent, introspectif, voire parfois répétitif mais aussi étrangement punchy comme sur les singles "2468" et "Switch Over", remarquables de (fausse) simplicité. Un peu sombre aussi, et réminiscent de vieux groupes un peu oubliés comme les Raincoats, qui n'ont pas vendu beaucoup de disques mais continent d'inspirer des tas de jeunes musiciennes peu inspirées par les tendances actuelles... Tout un programme bien résumé dans l'ultime "I Can't Stand To See You", plein de tadadas, de guitares crispées et de regrets (oh oh oh).
Vues au Petit Bain en juin, quelques vidéos à voir sur ma chaine live
Hotline TNT - Raspberry Moon
US - Indie-rock, shoegaze (Third Man)
Si Hotline TNT joue toujours très fort en live (cf. leur dernier attentat sonore au Point Éphémère), leurs productions studios sont un poil plus mesurées et laissent poindre la jolie petite veine pop qui se cache derrière leurs grosses guitares grondantes : c'était déjà le cas avec l'entrée épique de leur précédent album (Cartwheel), ça l'est encore davantage peut-être sur ce troisième LP alternant efficacement refrains pop et murs de guitare. Dès l'entame ("Was I Wrong?") on est d'abord baigné dans une mer de guitares un peu amères avant d'émerger par surprise une grosse minute plus tard, réveillé la voix soudain plaintive en mode cri du cœur de Will Anderson... C'est mélodique et rythmique (cf le très bon "Candle" aussi) et Will et co s'offrent même un petit moment de gospel hippie sur Julia's War, en mode la la la... Mais les guitares re-déboulent ensuite, rassurez-vous.
Molly Nilsson - Amateur
Suède - Synth-pop, new wave (Dark Skies Association)
La plus berlinoise des Suédoises - elle est installée sur les bords de la Spree depuis 2008 - a déjà un paquet d'albums derrière elle mais ne faiblit toujours pas, aidée en cela par son protocole habituel (pas de label, pas de musiciens, juste elle et ses machines dans sa chambre à Berlin). Il n'y a pas des tonnes de variations sur cet album, et sa voix retouchée/étouffée est presqu'un peu frustrante à la longue (montre toi vraiment Molly!) mais c'est aussi le charme de la méthode Molly Nilsson... de la bonne synth-pop do-it-yourself mélancolique cachant derrière la boîte à rythmes une pelletée de lyrics gauchistes crypto-communistes et de couplets désenchantés sur la marchandisation du monde, de Berlin et le prix toujours plus grand à payer pour rester libre, totalement libre... C'est beau et effrayant à la fois, comme une rave enfiévrée dans un sous-sol en béton armé qui pourrait être la dernière de sa vie et de tous les temps - et pourtant sa musique est douce, si douce. Contradiction éternelle.
Rolly Derby - When the Night Comes
Allemagne - Dream-pop (Dark Skies Association)
Autre douceur, plus classique celle-là, mais venant d'outre Rhin encore : Roller Derby, un charmant duo dream-pop d'Hambourg qui touche la bonne note d'entrée avec ce premier LP. Ça n'est pas hyper original ni aventureux mais l'opus compte assez de bonnes compos et de guitares délicatement planantes pour vous retenir jusqu'à la fin si le genre dream-pop vous intéresse un minimum... Avec une belle voix au micro et quelques vraie jolies tracks qui pourraient contenter des groupes plus capés ("Last Night", "Silver Jet", "In Spring").
Entr'aperçus au Supersonic il y quelques mois (inconnus à l'époque)
Sally Shapiro - Ready To Live A Lie
Suède - Synth-pop (Italians Do It Better)
Encore un groupe associé à l'Allemagne pour des raisons purement personnelles (beaucoup écoutés à Berlin, un été). Duo suédois au sang chaud (disco) et à la voix si cristalline, protégés du très cinématographique label US Italians Do It Better (spécialisés dans l'italo-disco et la synth-wave bien vaporeuse). La première face est une petite merveille, avec quelques singles qui dataient déjà certes : le très entrainant "Hard To Love" avec son refrain hyper euphorisant so 80's (merci le vocoder), le plus lyrique "Purple Colored Sky" ou la reprise du classique "Rent" des Pet Shop Boys (ça fonctionne). La suite est un peu plus posée et introspective mais le charme ne passe pas, jusqu'au très délicat "Rain" avec cette petite voix blessée qui s'efface lentement derrière les gouttes... Les amours ratés font les plus beaux albums.
The Tubs - Cotton Crown
Galles - Jangle-pop, indie-rock (Trouble in Mind )
Un album un peu chargé pour finir, servant largement d’exécutoire à son leader Owen Williams apparemment pris entre troubles mentaux mineurs (narcissisme, cf la chanson du même titre) et vrai deuil (une mère romancière et chanteuse folk suicidée à 60 ans, sans préavis). Et pourtant la musique des Tubs est un composé plutôt gai à la base, et spontané, du genre jangle-pop toutes guitares dehors avec jolis refrains au milieu et pintes de bière à volonté après (je le sais, c'est écrit sur leur t-shirt : "I had a beer with... The Tubs"). Les Britanniques types donc - Gallois ici -, génétiquement faits pour la mélodie et le malheur tout à la fois. Album court, désuet, désolé, un peu power-pop 60's sur les bords avec mentions pour "Chain Reaction" et l'étonnant "One More Day" (tentative de rap).
Vus il y a pas longtemps au Petit Bain

